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Un article de M. Broulis

Olivier DelacrétazEditorial
La Nation n° 1768 30 septembre 2005
Sous le titre «L’arbitraire n’aime pas le fédéralisme», M. le conseiller d’Etat Pascal Broulis a publié un article important dans la livraison du mois d’août de la Nouvelle Revue de Lausanne. L’intérêt particulier de ses remarques est qu’elles sont tirées des expériences concrètes qu’il a vécues au quotidien de sa magistrature.

M. Broulis se donne le luxe de plaider en faveur «de notre système complexe», avec son fédéralisme, et avec sa démocratie directe à laquelle la population ne se fait pas faute de recourir aussi bien sur les plans fédéral et communal que cantonal. A ceux qui estiment que c’est «un nœud gordien qu’il convient de trancher au plus vite», M. Broulis répond qu’il s’agit plutôt d’«un tissu précieux qui ne se remettrait pas d’un lavage à haute température».

Plus loin, M. Broulis n’hésite pas à comparer la communauté humaine à un «système vivant». Et de fait, comme dans tout organisme, chaque rouage modifié entraîne une modification du tout. Cette cohérence vitale augmente encore la complexité du système.

D’un autre côté, ajouterons-nous, il n’y a rien de plus simple que la complexité institutionnelle quand elle correspond à la complexité effective de la réalité. C’est une vérité d’expérience qu’une fois mis en pratique, les schémas rationnels que l’on prétend substituer au système existant pour le simplifier engendrent une complication au moins aussi grande. Mais ils sont nettement plus nocifs, étant dénués de tout lien concret avec la réalité. L’exemple d’ETACOM nous le rappelle tous les jours.

«Bien sûr, dit encore M. Broulis, je trouverais bien pratique que les décisions du Conseil d’Etat vaudois soient immédiatement applicables! Mais je trouverais aussi cela fort dangereux!» M. Broulis rejette la tentation du confort personnel pour lui préférer le bien du corps politique dans son ensemble.

Et le conseiller d’Etat radical ajoute un paragraphe que tous les idéologues, tous les «visionnaires», tous ceux qui veulent entrer en politique «pour faire passer leurs idées» devraient méditer: «Le plus honnête homme du monde est rapidement pris de vertige lorsqu’il détient toutes les clefs du pouvoir.» C’est donc un autre avantage de notre appareil lent et complexe qu’il protège les hommes d’Etat contre eux-mêmes.

Les inconvénients du système sont réels. En particulier, les décisions sont «plus lentes à prendre et à appliquer». Mais la contrepartie est que les choses peuvent mûrir, et mûrir selon leur rythme. Et ça, ce n’est pas de la lenteur. Même en démocratie, le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui!

De plus, le fait de prendre son temps «permet d’éviter de brimer les minorités». Ce souci devrait induire M. Broulis à ne pas s’opposer à l’initiative sur le référendum des communes. Les communes sont trop importantes pour que l’Etat puisse gouverner contre elles, ou simplement laisser subsister durablement un contentieux de rancœurs et de déceptions entre elles et lui. Le vote du peuple, que celui-ci donne raison aux communes ou à l’Etat, présentera cet avantage de remettre à chaque fois les compteurs à peu près à zéro. C’est un élément important de l’équilibre et de la paix sociale dans le Canton.

Au début de l’article, M. Broulis mentionne des notions importantes qu’il a volontairement laissées de côté. Il s’agit notamment de «la question identitaire» et de celle du «génie propre de chaque pays». Nous nous permettons d’espérer que ses recherches d’économies – auxquelles La Nation a fortement contribué dans ses derniers numéros – lui laisseront le temps d’y revenir dans un prochain numéro de la NRL, comme aussi de reprendre et développer les thèmes ci-dessus, dans la perspective réaliste qu’il semble, expériences faites, avoir adoptée.

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