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Soutien aux Alpes vaudoises: le Conseil d’Etat néglige le Pays-d’Enhaut

Antoine Rochat
La Nation n° 2017 1er mai 2015

Le 25 mars dernier à Aigle, le Conseil d’Etat a présenté ses orientations «pour un soutien au développement des Alpes vaudoises».

Selon le communiqué officiel, ce projet se fonde sur une transition d’un tourisme encore principalement hivernal vers un tourisme «quatre saisons».

La place nous manque pour traiter l’ensemble de ce programme. Nous ne parlerons ici ni de l’hôtellerie de montagne, ni du développement des transports.

En revanche, nous évoquerons le ski, qui reste une activité phare des Alpes vaudoises, ainsi que la situation particulière du Pays-d’Enhaut, nettement prétérité dans les orientations du Conseil d’Etat.

Le ski alpin

Le programme «Alpes vaudoises 2020» prévoit un soutien financier pour des remontées mécaniques et de l’enneigement artificiel, principalement aux Diablerets (Meilleret 2016 à 2019, Isenau 2017), à Leysin (2016 à 2020) et aux Mosses (2015 à 2019).

Le soutien est moindre pour Villars- Gryon-Bretaye, ainsi que pour le glacier des Diablerets, mais les installations y sont de manière générale moins anciennes que dans le reste des Alpes vaudoises.

Sous réserve de la situation particulière du Pays-d’Enhaut, les orientations officielles nous paraissent acceptables, même si l’on peut regretter l’absence d’une liaison directe performante entre les Diablerets et Glacier 3000.

Le Pays-d’Enhaut

Le ski alpin au Pays-d’Enhaut souffre d’un net éparpillement: Rougemont (Videmanette) est en liaison avec les Alpes bernoises (Saanen-Gstaad). Château-d’Oex n’a plus que les installations vieillissantes de la Braye, qui ne sont en lien avec aucun autre domaine skiable. Les deux téléskis de la Lécherette sont reliés au domaine des Mosses, mais ils sont à bonne distance du centre de la station. Quant aux remontées mécaniques des Monts-Chevreuils, elles sont hors service depuis une petite quinzaine d’années.

Pourtant, les Damounais ont soutenu activement un projet de réhabilitation des installations des Monts-Chevreuils, un très beau domaine selon des experts, pour un coût financier de l’ordre de 20 millions de francs.

A en croire la presse, c’est surtout la crainte de l’opposition des organisations écologistes qui a poussé le gouvernement vaudois à ne pas retenir ce projet, à la consternation des habitants du Pays-d’Enhaut.

Analyse des arguments

Selon nous, les arguments officiels ne résistent pas à l’examen. Le réchauffement climatique est une tendance, mais nos hivers permettent encore de skier dans d’excellentes conditions dans les Alpes vaudoises (comme nous avons pu le constater personnellement durant les dernières vacances de Pâques). Le ski reste un atout majeur de nos montagnes, qu’il faut certes compléter par d’autres activités, mais qui demeure indispensable du point de vue touristique.

Le Conseil d’Etat soutient un parc ludique aux Monts-Chevreuils pour les enfants, mais il prive les parents de skier sur la partie haute du domaine, ce qui est une aberration.

Les écologistes prétendent que les remontées mécaniques des Monts-Chevreuils détruiraient le paysage, alors qu’elles existent déjà, et ce depuis 1945! Ces installations pourraient être aussi utiles au tourisme estival.

On peut se demander si l’abandon des Monts-Chevreuils n’est pas une contrepartie à l’accord trouvé pour les zones humides aux Mosses1, après de nombreuses années d’âpres discussions.

Enfin, le prétendu soutien financier aux installations de Rougemont est un leurre: il ne s’agit en réalité que de rembourser une partie des dettes de la société bernoise qui exploite la Videmanette.

Quelles solutions?

Après les restrictions des résidences secondaires (Lex Weber) et celles de l’aménagement fédéral du territoire (LAT), on comprend que les Damounais soient fâchés et inquiets pour leur économie, essentiellement fondée sur le tourisme, et qu’ils se sentent négligés par l’exécutif vaudois. Ils ne peuvent se passer du ski alpin.

De notre point de vue, le Conseil d’Etat devrait particulièrement prendre soin du Pays-d’Enhaut et de ses habitants, précisément parce qu’ils sont éloignés géographiquement du Château cantonal. Quant aux craintes des oppositions des écologistes, elles ne doivent pas empêcher l’exécutif de gouverner.

Dans le cadre budgétaire, les députés au Grand Conseil devraient aussi avoir leur mot à dire, et ils pourraient être sensibles aux arguments économiques de toute une région du Canton.

Quelle doit être l’attitude des Damounais pour tâcher d’obtenir gain de cause? Nous nous permettons de leur proposer quelques pistes de réflexion, vues de Lausanne: ne pas baisser les bras, continuer à parler d’une seule voix, étudier la prolongation de la Braye en attendant les Monts-Chevreuils, négocier directement avec les écologistes, se faire entendre dans les médias2 et auprès des députés, voire lancer une pétition, par écrit et sur internet.

Château-d’Oex est la plus grande commune du Canton en superficie. Elle est un centre régional important. Comme ses voisines de Rossinière et de Rougemont, elle mérite un fort soutien de la part de tous les Vaudois. La Nation est prête à relayer cette préoccupation.

Notes:

1 Ces zones sont protégées par l’initiative dite de Rothenthurm, acceptée en votation populaire en 1987 et combattue à l’époque dans les colonnes de ce journal.

2 Voir par exemple l’excellente lettre de lecteur de M. Daniel Martin, de Rossinière, dans 24 heures du 13 avril 2015.

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