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Tournez à droite!

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2017 1er mai 2015

La route de Berne, à Epalinges, fait actuellement l’objet d’un important chantier de réfection. Contrairement à ce qu’affirmeront certains grincheux de mauvaise foi, ces travaux sont globalement assez bien signalés et balisés, malgré quelques petites âneries. Il y a néanmoins un point, un détail, qui choque affreusement la logique et le sens commun: au carrefour des Croisettes, en montant depuis Lausanne, on a installé une interdiction de tourner à droite vers Epalinges-Centre, et cette interdiction n’a aucune, strictement aucune raison d’être.

Ne dites pas que c’est une question technique et que vous ne pouvez pas juger! Quand vous roulez à droite de la route, on ne peut vous empêcher de tourner à droite sur une route perpendiculaire que si l’accès à cette route est interdit, ou si votre manœuvre entre en conflit avec le passage des piétons.

Aux Croisettes, il n’y a aucun passage piétons sur votre droite et cette route, non entravée par les travaux, n’est soumise à aucune restriction d’accès – les véhicules y accèdent librement depuis l’ouest du carrefour. De plus, le contour est largement proportionné de sorte qu’il peut être abordé presque sans freiner, donc sans ralentir inutilement la circulation sur la route de Berne. Il n’y a donc réellement aucun motif d’interdire aux automobilistes de tourner à droite – hormis le volontarisme planificateur d’un ingénieur du trafic ayant décrété arbitrairement qu’il devait en être ainsi.

Or toute réglementation doit être justifiée par des raisons objectives, rationnelles et compréhensibles. A défaut, elle n’est pas respectée. C’est ce qui s’est passé à Epalinges où, dès le premier jour, nombreux furent les automobilistes à braver l’absurde interdiction. Les responsables du chantier, plutôt que d’admettre leur erreur, se sont entêtés: ils ont ajouté au panneau d’interdiction une rangée de barrières rouges et blanches destinées à gêner le contour. Peine perdue: les conducteurs qui connaissent les lieux continuent à tourner à droite. L’auteur de ces lignes lui-même a hésité à se renseigner sur le montant d’une éventuelle amende, rêvant déjà de se payer un petit «circuit contestataire»; mais il n’est peut-être pas très prudent de plaisanter avec la police dans un Etat qui développe des tendances totalitaires.

Première conclusion: cette ânerie routière, corollaire d’autres âneries dans des domaines plus essentiels, incite à l’anarchie. Or cette dernière est toujours laide et dangereuse. Quand les citoyens les plus amoureux de l’ordre et de la discipline commencent à y songer, c’est mauvais signe.

Deuxième conclusion: un certain nombre d’ingénieurs, d’informaticiens et d’autres «spécialistes» ne vivent pas sur la même planète que nous; ils appréhendent la réalité à travers des formules abstraites et théoriques, sans réaliser qu’elle est peuplée d’individus susceptibles de revendiquer une part de liberté et de développer une volonté propre.

Troisième conclusion: lorsque ces gens sont employés par des autorités très marquées à gauche, les interdictions de tourner à droite fleurissent.

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