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Investissements de l’Etat: rien de nouveau

Cédric Cossy
La Nation n° 2049 22 juillet 2016

Il est désormais de tradition que le chef du Département des finances et des relations extérieures présente le programme d’investissement du Canton avant les vacances. L’année dernière, M. Jean-François Cavin s’était livré à cette occasion à un exercice critique soulignant l’optimisme surfait de M. Broulis (La Nation n° 2025 du 21 août 2015).

Quels améliorations ou correctifs ont-ils été apportés depuis l’année dernière? La réponse est: aucun. Moyennant l’actualisation de quelques chiffres, l’analyse de M. Cavin pourrait être reprise in extenso après la présentation 2016.

M. Broulis mélange toujours investissements propres, prêts et garanties de prêts pour annoncer 1,2 milliard brut d’investissements par an sur la période 2011-2016. On a pris près d’un demi-milliard de retard sur le plan d’investissement établi en 2010, qui prévoyait 13 milliards sur dix ans; le rythme s’est un tout petit peu accéléré durant les douze derniers mois, mais juste assez pour stabiliser la situation. Les nouvelles projections prévoient que ce retard ne sera non seulement pas comblé, mais qu’il va s’amplifier, avec une réduction planifiée à 0,97 milliard par an dans la décennie à venir.

L’engagement réel de l’Etat se situe à un peu plus de la moitié des investissements bruts. L’année écoulée est ici aussi parfaitement comparable à la période précédente. Les investissements nets par habitant restent largement en deçà de la moyenne helvétique.

M. Broulis continue à entretenir la confusion entre désirs et réalité. L’entier de sa présentation parle des crédits accordés, mais ne dresse pas le bilan des réalisations effectivement financées. Si l’on se réfère aux investissements directs de l’Etat, force est de constater que les dépenses ont été constamment inférieures aux budgets; 2015 ne fait pas exception avec 331 millions investis contre 453 planifiés.

Les domaines où M. Cavin dénonçait en 2015 des retards structurels criants subsistent. Le Canton a toujours un gymnase de retard, l’offre de transports publics ou privés dans l’Ouest ne semble pas devoir s’étoffer de sitôt, le chantier de l’hôpital du Chablais a été bloqué plusieurs mois en raison de négligences lors de la procédure d’adjudication… On peut certes se réjouir de l’augmentation de 60 à 80 millions par an du budget d’entretien du réseau routier, mais ceci reste une goutte d’eau au vu des besoins. Bravo pour le lancement de l’étude d’extension du centre pénitentiaire de Bochuz, mais, en attendant le résultat, nombre de détenus continuent à goûter à l’inconfort dissuasif de Bois-Mermet…

Dans sa présentation, M. Broulis a accordé une attention particulière aux projets immobiliers de l’Etat, se félicitant qu’ils soient adjugés à plus de 80% à des entreprises vaudoises. Cette classe d’investissement ne concerne pourtant que le quart environ des investissements totaux et il aurait été intéressant de disposer de données analogues pour les trois autres quarts. Nous doutons qu’elles soient majoritairement vaudoises lorsqu’on observe les raisons sociales des entreprises engagées dans les grands chantiers estivaux qui égaient nos routes.

Enfin, pas un mot sur les investissements des communes. Or, on sait que nombre d’entre elles souffrent de ne pas avoir les moyens de simplement suivre leurs besoins (pensez aux établissements scolaires…). La hausse permanente de la facture sociale n’est pas étrangère à cette situation.

Dans sa conclusion, M. Broulis insiste sur un Canton lançant «de nombreux projets […] visant à assurer la pérennité de la prospérité vaudoise». La remarque ne manque pas d’à-propos au vu du portrait économique du Canton dressé par le Pôle de recherche national à la demande du Conseil d’Etat1. Si ce rapport souligne le dynamisme du Canton, il constate aussi que les infrastructures ne se développent pas au même rythme que les besoins, surtout sur l’arc lémanique. Le tassement des recettes fiscales et les tracasseries de la LAT ne vont pas aider à renverser la tendance.

Notes:

1 «Radiographié, Vaud ressort moins triomphant», 24 heures du 7 juillet 2016.

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