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La plume d’André Charlet

Daniel Laufer
La Nation n° 2055 14 octobre 2016

Qui lit La Glâne ? Plus précisément, qui chez nous a lu La Glâne, modeste hebdomadaire du district éponyme du canton de Fribourg, disparu il y a au moins dix ans? C’est pourtant ce journal qui peut s’enorgueillir d’avoir pu publier, semaine après semaine, de 1995 à 2004, les chroniques du chef de chœur André Charlet. Jusqu’à ce moment, il avait animé, avec la vivacité qu’on lui connaît, l’émission du samedi, L’Art choral sur Espace 2. Ceux qui l’ont entendu se souviennent avec quel talent bouillonnant il faisait partager ses découvertes et ses passions à ses auditeurs. Devait-il rester muet après que l’émission a dû passer à la trappe? Impossible. Il fallait qu’il parle encore, il fallait que ce communicateur dans l’âme nous emmène entendre Ernest Ansermet, les mormons à Seattle, Schubert et ses amis, Fornerod, le maître, Fanny Mendelssohn et tant d’autres, et voir la Morges du temps de guerre, Vienne ou Cracovie, et même la sinistre Roumanie de Ceausescu, tant de personnages, tant de rencontres, tant de lieux qu’il a réussi à nous rendre familiers. Derrière une allure modeste, mais ouverte et toujours souriante, apparaissent ici et là les perles d’une vraie culture qui n’était pas limitée à la musique, témoin ce chapitre où il présente un bouquet de Pensées sur le bonheur et la musique, parmi lesquelles on retient celle de Pierre Boulez: «On ne peut trouver la liberté que par la discipline.»

Il faut savoir gré à Madame Daisy Charlet d’avoir conservé avec soin ces chroniques, et aux Editions de L’Aire de les avoir publiées en deux forts volumes réunis sous le titre de Un voyage musical, le premier avec une préface de Roger Guignard, l’ami de toujours, qu’on aimerait citer intégralement ici, le second préfacé excellemment par André Kolly. Il suffit de parcourir les titres et les index importants de ces deux volumes pour découvrir l’étendue de la culture et «la richesse intérieure» (Kolly) d’André Charlet. Grâce à quoi il nous reste de lui non seulement le souvenir d’un incomparable chef de chœur, mais heureusement sa vivante plume.

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