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Bien… Pas bien!

Jacques Perrin
La Nation n° 2057 11 novembre 2016

Dans 24 heures du premier novembre, M. Andrès Allemand se félicite du voyage en Suède du pape François, lequel assistera au coup d’envoi des célébrations marquant les 500 ans de la Réforme.

Selon M. Allemand, nous sommes tous les héritiers de Martin Luther.

Un moine sympa, ce Martin Luther, car de sa réforme sont issues nos sociétés sécularisées, où chacun définit sa spiritualité; c’est le même souffle de liberté de pensée: on refuse le prêt-à-croire.

Refus du prêt-à-croire? Peut-être.

Quant au prêt-à-penser, il vit de beaux jours. Dès que le mot «spiritualité» est prononcé, nous subodorons une escroquerie.

Après avoir lu M. Allemand, nous nous demandons ce qu’il faut croire (l’éditorialiste occasionnel s’intéresse-t-il donc aux affaires religieuses?), mais nous savons parfaitement ce qu’il est interdit de penser, sous peine d’excommunication médiatique.

M. Allemand distingue les bons et les méchants. D’un côté, Martin Luther, le remuant réformateur qui a dénoncé les dérives de la papauté (bien); le très sympathique (bien) pape François, même si ce dernier refuse l’ordination de femmes prêtres (pas bien); l’Eglise de Suède dirigée par Antje Jackelen, la première femme archevêque (bien), qui célèbre des mariages gays (bien) et qui a nommé une évêque lesbienne à Stockholm (bien).

De l’autre côté, un autre héritage de Luther qui cette fois n’est pas un cadeau : les évangéliques pentecôtistes brésiliens moins éclairés (pas bien) que leurs frères (et sœurs) suédois, arc-boutés (pas bien) sur le conservatisme moral, opposés (pas bien) au féminisme, à l’avortement, à l’éducation sexuelle et au mariage gay.

La spiritualité? Le refus du prêt-à-croire? Nous comprenons maintenant. Il s’agit d’adopter les moeurs triomphantes de la bourgeoisie mondiale, de chanter les valeurs de partage, le vivre-ensemble, la tolérance, les droits des femmes et la mouvance lesbienne-gay-bi-trans.

Tout héritier de Luther, dans son coin, est censé bricoler sa spiritualité personnelle, on s’attend à de la «créativité», mais rien de bien consistant ne sort; nous constatons qu’une ligne morale officielle s’impose sous l’œil vigilant du clergé médiatique, avec un credo, des dogmes et des rites partout semblables.

Cinq cents ans de protestantisme pour produire ce seul résultat? A quand la prochaine réforme?

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