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Nucléaire: on nous écrit

RédactionOn nous écrit
La Nation n° 2057 11 novembre 2016

L’article de M. Bieri sur l’initiative «Sortir du nucléaire» a suscité deux réactions, dont nous citons quelques extraits. La première vient de M. Pierre Santschi, ingénieur-physicien EPFL:

[…] M. Bieri sait parfaitement que les dangers et les vrais coûts de cette «technologie» d’apprenti-sorcier sont niés avec véhémence et obstination depuis 70 ans par des gens qui profitent d’un matraquage publicitaire éhonté (que nous payons). Pour tout ingénieur-physicien honnête, ce que je crois être, un examen réellement scientifique et économique non falsifié par des «experts» bénéficiaires des retombées de ces mensonges […] devrait conduire à la fermeture immédiate de toutes les centrales nucléaires. Se faire le soutien du maintien sans limite claire de cette technologie (Eh oui! Ce serait sans limite claire en cas de non lors de la prochaine votation sur le sujet) constitue, vu les faits, un déni caractérisé de gravité.

[…] Si vraiment le Pays de Vaud lui tenait à cœur, au delà du OUI à cette initiative, M. Bieri devrait même demander la fermeture immédiate des casseroles nucléaires suisses dont l’état de décrépitude et de dangerosité réel est tenu secret ou minimisé (www.tdg.ch/suisse/couts-nucléaire-suspens-votation/story/18479175).

La seconde réaction est signée de M. Olivier Bonard:

L’article de P.-G. Bieri appelant à voter «non» à l’initiative qui vise à imposer une date de fermeture des centrales nucléaires à leurs propriétaires illustre comment un journal qui se préoccupe du sort de notre pays peut faire passer l’intérêt économique immédiat de certains, vue qu’Olivier Delacrétaz a critiquée récemment, avant l’intérêt du pays, économique et écologique à long terme.

Il paraît improbable que P.-G. Bieri ait la naïveté d’ignorer que le nucléaire est en perte de vitesse en raison de ses problèmes de rentabilité à long terme; il sait bien que les investisseurs qui en tirent actuellement bénéfice désirent évidemment proroger les conditions d’une rente de situation le plus longtemps possible. Il paraît par ailleurs insensé de prétendre que le risque d’accident reste le même au cours de la vie d’une centrale alors que le cœur de son réacteur s’endommage peu à peu et ne peut être réparé.

Laisser les industriels de l’électricité décider de la durée de vie de leurs réacteurs avec l’avis d’experts peu indépendants s’explique par la compromission de nombreux parlementaires qui touchent les dividendes dans les conseils d’administration de ces sociétés. L’initiative est ainsi salutaire.

On peut bien comprendre que ces industriels brandissent le spectre d’un rationnement ou d’une augmentation forte du prix de l’électricité, mais on peut regretter qu’un journal indépendant se fasse le porte-parole de patrons désorientés. L’accident nucléaire n’est pas permis par le destin, celui qu’invoquent Virgile et Montfalcon dans la citation de notre journal, mais rendu possible par la cupidité d’un petit nombre menaçant la nation.

* * *

On se traite un peu trop facilement de menteurs et de vendus, dans les débats écologiques, et tout particulièrement quand ils touchent au nucléaire.

Pour résumer notre position, nous avons toujours été plutôt favorables à une certaine production d’électricité nucléaire, jugeant qu’il est nécessaire de diversifier nos sources d’énergie. Mais, aujourd’hui, le nucléaire est disqualifié et, à vues humaines, pour longtemps. La question est donc celle des modalités de la sortie.

La Confédération a mis en branle une énorme machine qui s’appelle «Stratégie énergétique 2050» et qui est un monument d’interventionnisme bureaucratique. L’initiative «Sortir du nucléaire» veut aller beaucoup plus vite, comme on le sait.

Notre sentiment est que les partisans exagèrent à l’envi les dangers que nous font courir les centrales suisses – nous n’en dirions pas autant de celle de Fessenheim. Mais nous n’allongerons pas sur ce point, tant le débat est inutile, chaque bord étant suspecté de choisir son argumentation en fonction de conclusions préétablies. En revanche, nous sommes certains que nos correspondants minimisent les problèmes économiques catastrophiques que la mise en œuvre de l’initiative poserait à l’ensemble de la population. Les nombreuses injustices qu’engendre la dernière révision de la Loi sur l’aménagement du territoire devraient pourtant attirer leur attention sur les risques que font courir à la société ces grandes lois visionnaires qui tranchent dans le vif, dans l’urgence et sans trop s’arrêter aux détails individuels. Nous ne sommes pas opposés par principe à une accélération du remplacement du nucléaire, mais nous ne sommes pas disposés à tout y sacrifier.

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