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Solidarité 3.0

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2057 11 novembre 2016

Amélie n’a pas besoin du nucléaire. Sophie n’a pas besoin du nucléaire. Jonas n’a pas besoin du nucléaire. Basil n’a pas besoin du nucléaire. Ce sont là les slogans que l’on peut lire en ce moment sur diverses affiches placardées en ville. Amélie, Sophie, Jonas et Basil sont de jeunes enfants qui prêtent leur visage souriant à la campagne en faveur de l’initiative populaire «Sortir du nucléaire».

Ces affiches dégoulinantissimes de bons sentiments auraient presque pu nous irriter… Pourtant, à la réflexion, elles sont remarquables!

D’abord, elles sont 100% recyclables. Elles pourront en effet resservir plus tard pour nous «vendre» à peu près n’importe quelle cause, du doublement des impôts («Amélie n’a pas besoin d’argent de poche») à la destruction de la forêt amazonienne («Basil n’a pas besoin de 390 milliards d’arbres») en passant par la réintroduction de l’esclavage («Jonas n’a pas besoin de sortir de la plantation»).

On remarquera ensuite le caractère éminemment social de ces slogans, qui s’adressent aux gens modestes qui n’ont pas les moyens de s’acheter n’importe quels gadgets électroniques. Des gens qui roulent en Clio diesel plutôt que des bourgeois qui se paient des Tesla électriques à plus de 60’000 balles.

Enfin et surtout, il importe de souligner que le message véhicule une vision revisitée et novatrice du principe de solidarité tel que la gauche l’a prôné depuis des années (en ne l’appliquant qu’aux autres): Amélie, Sophie, Jonas et Basil ont fait le choix individuel de s’éclairer à la bougie et de faire pédaler leurs hamsters sur une dynamo pour allumer leur ordinateur; ils ne vont pas se préoccuper de savoir comment les autres vont se débrouiller; ce sont les autres qui devront se débrouiller pour faire les mêmes choix qu’eux. Après la morale du christianisme («ce qui est à moi est à toi») puis celle du socialisme («ce qui est à toi est à moi»), nous entrons désormais dans l’ère de la solidarité 3.0 qui s’exprime ainsi: «Je n’en ai pas besoin donc tu n’en as pas besoin.»

Nous pourrions pleinement nous retrouver dans les personnages d’Amélie, de Sophie, de Jonas et de Basil, nous qui, à titre personnel, n’avons actuellement «pas besoin» d’assurance-maladie, ni d’assurance-invalidité, ni d’allocations familiales, d’aides sociales et de cantines scolaires, «pas besoin» de nombreux offices fédéraux, ni d’aide au développement, ni de subventions culturelles. En supprimant tout ce dont on n’a pas besoin, on va faire de sacrées économies!

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