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Ursophobie

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2060 23 décembre 2016

Le tyran du Kremlin répand son ombre menaçante sur notre monde en s’imposant comme le maître absolu de la falsification et de la manipulation. Après avoir sournoisement pris le contrôle de l’Ukraine, de la Crimée et de la Syrie, il vient de mettre la main sur les Etats-Unis où, nous diton, il semble n’avoir eu aucune peine à truquer les élections. On ne sera donc pas surpris de découvrir bientôt sa responsabilité dans la victoire en France de M. Fillon. Partout et à toute heure, à l’aide de ses superpouvoirs, Vlad-le-Maléfique intervient dans l’ombre en réécrivant l’histoire, en redessinant la géographie, en déformant la physique et en faussant les mathématiques.

D’où cette angoissante question: est-ce aussi lui qui a personnellement supervisé l’épuration du livre d’allemand destiné aux petits Vaudois de 5e année? Dans Der Grüne Max, ces derniers sont en effet invités à découvrir les noms francophones et germanophones des principales villes suisses. Entre autres: Lucerne/Luzern, Zurich/ Zürich, Soleure/Solothurn, Neuchâtel/Neuenburg, Fribourg/Freiburg, Sion/Sitten, Genève/Genf, Lausanne qui reste Lausanne, etc. Et… Berne/Bern? Consternation: la capitale fédérale n’apparaît absolument pas sur la carte!

S’il est naturel de penser que M. Poutine est coupable de cette tentative de nettoyage ethnique, on se perd tout de même en conjectures sur le motif. Comment imputer ce crime ursophobe à un type qui passe ses journées à chevaucher des ours dans la taïga avant de se baigner avec eux dans la Mer Noire? Faudrait-il alors envisager que la disparition de la ville de Berne ne soit pas un coup des Russes? Mais de qui alors? Les Jurassiens? Comme par hasard, ceux-ci sont très largement représentés dans l’exercice en question, avec Delémont/Delsberg et Porrentruy/Pruntrut. Mais le fait que Bienne/Biel y figure aussi semble les disculper. Une piste à ne pas négliger serait celle de nationalistes Vaudois cherchant à effacer toute trace des événements de 1536. Ou celle de fédéralistes maladroits qui, en voulant éliminer la Berne fédérale, auraient malencontreusement fait disparaître la capitale du canton homonyme. Mais la Ligue vaudoise dément formellement: elle n’a (hélas) pas la capacité d’intervenir dans les manuels scolaires.

Le mystère demeure entier, et les petits Vaudois risquent réellement de sortir de l’école obligatoire avec des carences en orthographe, en histoire, voire en zoologie. Sauf bien sûr si leurs parents ont la bonne idée de leur faire lire La Nation.

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