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On nous écrit: Les éditoriaux de Jacques Pilet

Jean-Marc BovyOn nous écrit
La Nation n° 2064 17 février 2017

Il y a une face de Jacques Pilet que je ne retrouve pas dans l’éditorial «La fin de l’Hebdo» de La Nation du 3 février.

Celle de l’observateur lucide de l’évolution actuelle des relations internationales, qui va à contre-courant de tout ce que l’on peut lire dans la presse occidentale «de référence», du Monde à la Neue Zürcher Zeitung, jusqu’au Temps, lequel partageait pourtant sa rédaction avec celle de L’Hebdo.

«L’Europe qui ne réfléchit plus», la phrase est de Jacques Pilet à propos de l’attitude de l’Union européenne à l’égard de l’Ukraine (L’Hebdo du 4 déc. 2014). Certes, sa critique de la politique européenne et de ses dirigeants actuels «qui se bornent à des philippiques anti-Poutine» ne remet pas en cause sa foi en l’idéal européen. Il ajoute en effet: «Ils (les dirigeants européens) sont coupables de ne pas rappeler haut et fort les principes fondateurs de l’Union.»

Jacques Pilet reste donc un journaliste d’opinion, dont on partagera ou non les convictions. A la différence toutefois de beaucoup de ses confrères, il fait son métier, qui consiste d’abord à récolter et à analyser les faits. Pour se faire une idée de ce qui se passe en Ukraine, il est allé voir «sur le terrain» et en a rapporté un tableau lucide et impartial dont on aurait de la peine à trouver l’équivalent dans la presse bien pensante d’ici et d’ailleurs (L’Hebdo, 15 sept. 2014).

Son voyage et l’ensemble des faits qu’il a pu récolter lui ont inspiré une chronique dont le titre parle de lui-même: «L’Ukraine saignée par les voleurs!».

«Chrétiens d’Alep, pardonnez-nous!» Voilà une autre phrase de Pilet, qui a tout d’un slogan, mais qui dans le délire des médias sur Alep et la Syrie, sonne comme un appel à la raison. Là aussi, il s’appuie sur une information de première main, un témoignage direct et une source authentique (L’Hebdo, 11 août 2016). Encore une phrase de Pilet qui fait mouche au sujet de la situation au Moyen Orient: «Quant à l’offensive sur Mossoul en Irak, elle ne ressemble pas, entend-on, à celle d’Alep. Il y a des bons obus et des méchants.»

«La Suisse, un doigt dans la guerre!» Qui, en dehors de Pilet, a osé remarquer qu’en envoyant des F/A-18 participer aux manœuvres de l’OTAN aux frontières de la Russie, Berne trahissait non seulement son devoir de neutralité, mais contribuait à jeter de l’huile sur le feu? Dans la même chronique (L’Hebdo, 6 août 2015), il révélait ce que je n’ai pas pu lire ailleurs dans la presse, à savoir que la Confédération avait décidé discrètement de verser entre 16 et 26 millions annuels pour financer le «machin» audiovisuel de propagande russophone mis en place par l’Union Européenne pour «donner des «informations de qualité» à la Russie et à toute la région!

Finalement, les idéaux auxquels Pilet est resté fidèle ne sont pas autant d’œillères qui lui masqueraient la réalité du monde et l’empêcheraient d’admettre ses erreurs. Ainsi, dans l’interview qu’il a donnée à la mort de L’Hebdo, regrette-t-il d’avoir soutenu les bombardements sur la Serbie pendant la guerre du Kosovo.

Je plaiderai donc pour plus de clémence et pour des «mots moins définitifs» à l’égard de Jacques Pilet.

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