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Nouvelles monarchiques britanniques

Félicien Monnier
La Nation n° 2095 27 avril 2018

Pierre de Savoie était l’oncle par alliance du roi d’Angleterre Henri III.  Se souvenant des liens entre le Petit Charlemagne et le fils de Jean sans Terre, lui-même successeur de Richard Cœur de Lion, le Vaudois ne peut que se réjouir des nouvelles soufflées depuis quelques mois par le Times et le Guardian, voire par l’ignoble Sun.

On apprendra tout d’abord le prochain mariage de His Royal Highness Henry de Galles, Harry pour les intimes, avec Mademoiselle Meghan Markle, une actrice américaine révélée dans la série Suits. Le prince a définitivement réussi à faire oublier l’image de trublion fêtard qu’il s’était fabriquée dans son adolescence.

Il a brillamment servi par deux fois en Afghanistan. Aujourd’hui, il consacre une grande partie de son énergie à la réinsertion des vétérans blessés au combat.

Ensuite, on se réjouira de la naissance, lundi 23 avril 2018, du troisième Royal baby, fils du Prince William et de Kate née Middleton, duc et duchesse de Cambridge. A l’heure où nous mettons sous presse, son prénom est encore inconnu. Sa place dans l’ordre de succession ne fait en revanche aucun doute. Le garçon sera le cinquième. Harry se voit une fois encore relégué d’une place!

Deux jours plus tôt, le 21 avril, Elisabeth II avait fêté son 92e anniversaire. Depuis le 9 septembre 2015, elle détient le record du règne le plus long, devant Victoria. La question de son influence politique réelle demeure un intarissable sujet de débat pour les observateurs de la vie politique anglaise. Il suffit d’égrainer quelques dates pour tirer de sa vie une véritable leçon.

En plein Blitz, à Noël 1940, la future reine, alors âgée de 14 ans, s’adresse aux enfants du Royaume: «Nous savons, chacun de nous, que tout se terminera bien.» En 1947, son cousin, Lord Louis Mountbatten, organise la partition de l’Inde et rend son indépendance au Joyau de l’Empire. Elisabeth perdra ce parent dans un attentat à la bombe de l’IRA en 1979. Couronnée le 2 juin 1953, mais en fonction depuis le 6 février 1952, la Reine Elisabeth a eu pour premier Prime Minister nul autre que Winston Churchill himself. Le 13 juillet 2016, Theresa May – dont on peut penser ce que l’on veut – empruntait les mêmes couloirs que le célébrissime homme d’Etat. Cet événement traditionnel de la vie politique anglaise a fonctionné pour le soussigné comme un déclic: soudain le Brexit, entre les bombes allemandes et la perte de l’Inde, la nomination de Churchill et la guerre civile irlandaise, acquérait une dimension toute relative, en décalage total avec l’hystérie pro-européenne catastrophiste du Continent.

Mais il y a mieux encore… Le 19 avril 2018, la Reine Elisabeth a prononcé le discours d’ouverture de la Réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth. Dès la première minute de son intervention, elle a évoqué la mémoire de son père, George VI, le roi bègue de la Seconde Guerre mondiale, fondateur du Commonwealth. Elle a ensuite rappelé l’engagement de sa famille dans les différents projets portés par l’organisation. La souveraine a enfin conclu en adoubant le prince de Galles comme son successeur à la tête du Commonwealth: «Il continuera le travail commencé par mon père en 1949.» La reine ne se cite même pas. Elle s’efface entre son prédécesseur et son successeur. Seules comptent la continuité et la durée. Cette simple affirmation est la raison d’être de la monarchie britannique. Elle est une magistrale leçon de politique: les gouvernements se renversent et passent, le roi ne cesse de régner. Il est le Pays dans la durée. Définitivement, Elisabeth II fait de la politique.

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