Expressionnistes et Fauves
C’est au début de l’été 1905 que fut fondé, à Dresde, le groupe «Die Brücke», qui allait devenir le noyau de l’expressionnisme allemand1. C’est au Salon d’automne de Paris de cette même année 1905 que quelques peintres en rupture avec le style du moment furent baptisés «Les Fauves».
Au-delà du parallélisme chronologique, on peut discerner plusieurs ressemblances entre les deux mouvements: la volonté provocatrice de rejeter l’esthétique picturale dominante; le retour – après l’impressionnisme parfois évanescent – de formes bien marquées, et même souvent brutales chez les Allemands; une utilisation vigoureuse des couleurs, volontiers sans rapport avec celles de la nature, recourant à de larges aplats et à une touche forte.
Mais les différences sont tout aussi patentes. A propos de couleurs, les Fauves privilégient les teintes vives et gaies; les expressionnistes recourent de préférence à une gamme plus sombre. Le dessin des Fauves s’envole; celui des Allemands est souvent torturé. Et surtout l’ambiance des œuvres fauvistes est celle d’un bonheur lumineux; celle des expressionnistes du nord est généralement tragique, voire morbide.
Ainsi les tempéraments nationaux, à partir d’une impulsion comparable, engendrent-ils des écoles et des œuvres dont l’esprit diffère profondément.
Notes
¹ Ce mouvement fait l’objet d’une bonne exposition, avec des œuvres de Heckel, von Jawlensky Kirchner, Macke, Marc, Mueller, Nolde, Schmidt-Rottluff entre autres, au Palais Lumière d’Evian, jusqu’au 29 septembre (lundi-mardi 14h.-18h.; les autres jours 10h.-18h.).
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Une réédition pleine d’enseignement – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Lire et écrire? – Jacques Perrin
- Autour d’Othon III de Grandson – C.
- Hommage à Roger Francillon – Lars Klawonn
- Trop de fonctionnaires – Jean-François Pasche
- M. Wehrli nous écrit – On nous écrit, Emérentienne Pasche
- Quelle vie après le Conseil d’Etat? – Jean-François Cavin
- Un droit de veto du Parlement fédéral? – Antoine Rochat
- Liôba, Liôba… ou la voie lactée – Els Laufer
- George Templeton Strong – Jean-François Cavin
- Occident express 39 – David Laufer
- Le bruit, c’est la vie! – Le Coin du Ronchon