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Les pluchos et les pluvos

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2132 27 septembre 2019

Vendredi passé, une troupe de théâtre amateur s’est donnée en spectacle en plein centre de la capitale vaudoise, bloquant le pont Bessières pendant toute la journée et jusqu’en soirée.

Nous avons d’abord pensé qu’il s’agissait de contribuables vaudois protestant contre la confirmation de la prochaine hausse d’impôt (car nous avions été très heureux de voir sortir sur internet, quelques jours plus tôt, le hashtag #TaxationRébellion). Mais pas du tout, c’étaient de jeunes conservateurs opposés aux changements de la société, et plus particulièrement au changement climatique. Des jeunes grétathunbergiens et grétathunbergiennes, donc, très inquiets face au lourd silence des médias et des politiciens sur le réchauffement climatique, et qui ont exigé que le gouvernement prenne des mesures vigoureuses et immédiates pour restreindre la liberté des citoyens.

Le spectacle avait été soigneusement organisé. Les jeunes artistes de rue, encadrés par des metteurs en scène professionnels, des coaches, des experts en communication, des journalistes et des avocats acquis à la cause, ont dansé et chanté en exécutant des chorégraphies pseudo-naïves, en déposant sur la route des bricolages d’école enfantine et en entonnant leur hymne On est plucho… plucho !, auquel ils ont ajouté une panoplie d’autres slogans doucereux (on met beaucoup trop de sucre dans les slogans) appris par cœur le matin même (apprendre par cœur: le conservatisme pédagogique de ces jeunes fait froid dans le dos). Face aux policiers qui gardaient leur sang-froid et restaient de glace face à la fonte des glaciers, les apprentis-révolutionnaires ont «formé la tortue» à la manière des légionnaires romains, soulignant ainsi le caractère antique plus qu’antarctique de la lutte contre le réchauffement climatique. Tout ce petit monde a ainsi pu prendre des poses, se filmer, s’admirer, s’interpeller théâtralement sur les réseaux sociaux, chacun jouant son rôle à la manière d’un pantomime bavard.

Les médias ont dit que la police était «intervenue». A ce qu’on a pu voir, elle est intervenue très, très, très lentement et très, très, très gentiment, accompagnant le reflux des danseurs-chanteurs-obstructeurs (#CirculationRébellion!) jusque vers 20 heures. Dans notre société ouverte et tolérante, on n’emploie plus d’arroseuse contre des manifestants qui s’affirment «non violents». Si on enfreint la loi gentiment, on ne risque pas grand-chose.

Nul doute que l’UDC se sentira désormais autorisée à bloquer la place Bel-Air pour alerter l’opinion publique sur les dangers de l’immigration.

Sans parler de la Ligue vaudoise, lorsqu’elle décidera d’occuper le Château pour alerter sur l’urgence absolue du fédéralisme – On est plufé… plufé ! – et l’impérieuse nécessité de rester vaudois – On est pluvo… pluvo !

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