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Écologie vaudoise d’abord

Jacques Perrin
La Nation n° 2141 31 janvier 2020

Les conservateurs devraient être les vrais écologistes, tel est le titre d’un article paru dans Le Figaro du vendredi 10 janvier, dont l’auteur, Olivier Rey, naguère professeur de mathématiques à Polytechnique, enseigne aujourd’hui la philosophie des sciences et des techniques à la Sorbonne. Olivier Rey s’est signalé à notre attention par une série d’essais pertinents: Une folle solitude, Une Question de taille, Quand le monde s’est fait nombre, Leurre et Malheur du transhumanisme. L’article renforce notre idée que l’écologie est une affaire politique nationale et soumise, en Suisse, aux nécessités du fédéralisme. Il ne faut pas l’abandonner au gauchisme sans frontières.

L’auteur se fonde sur la situation de l’écologie telle qu’elle se présente aux États-Unis. La gauche américaine s’est emparée de la question du climat. En 2019, chez les personnes de 39 ans et plus, 95% des démocrates admettent que le réchauffement climatique est une menace sérieuse contre 51% des républicains. Chez les personnes âgées de 18 à 38 ans en revanche, 77% des jeunes républicains s’en inquiètent contre 76% des jeunes démocrates. Ce début de retournement réjouit Rey qui, admettant les dangers du réchauffement, pense que les mondialistes libéraux de gauche (et de droite, ajouterions-nous) ne sont pas les mieux placés pour y faire face.

L’auteur s’appuie sur le livre de l’anthropologue américain Jared Diamond, intitulé L’Effondrement. Diamond y montre que les sociétés du passé ayant surmonté une dégradation environnementale ont la même structure: les personnes qui les constituent forment un groupe homogène ; elles ont appris à se faire confiance et à communiquer entre elles ; elles comptent avoir un avenir en commun et transmettre la ressource concernée aux jeunes générations ; elles ont la capacité, ou la permission, de s’organiser et de se surveiller elles-mêmes […] ; les frontières de la ressource et l’ensemble de ceux qui en usent sont bien définis. Or les défenseurs des nations se désintéressent de la question du climat et laissent les «sans-frontiéristes» agir: Les « progressistes », en effet, sont à l’aise avec les grandes causes mondiales. Ils aiment penser « planète », et prendre des poses moralisatrices avantageuses en fustigeant les égoïsmes nationaux – toutes choses auxquelles la question climatique leur donne l’occasion de se livrer sans retenue. On observe ce phénomène dans notre Canton aussi où l’écologie s’acoquine avec l’extrême-gauche. L’affaire Credit suisse «a ouvert une brèche», comme dit
24 heures, où s’insinuent les idéologues de la désobéissance civile, de l’immigrationisme et de l’antispécisme.

Rey ajoute: La promotion de la jeune Greta Thunberg n’est pas de nature à arranger les choses. Quand on sait l’usage que les régimes totalitaires ont su faire des enfants pour terroriser les adultes, il y a quelque chose de profondément malsain et inquiétant dans les périples de cette adolescente poupine et accusatrice, mais il ne faut pas sottement condamner d’avance les paroles à cause de celui qui les prononce […] Le phénomène Greta n’entache en rien les travaux du GIEC. Les modèles du climat ne sont pas parfaits. Mais quand les enjeux sont aussi gigantesques, ce qui est rationnel n’est pas d’attendre de disposer d’absolues certitudes pour agir, mais d’agir au présent en fonction des meilleurs renseignements disponibles […] La prudence, le silence, quand ce n’est pas la répugnance des partis ou mouvements situés à « droite » de la scène politique à l’égard des questions écologiques peuvent s’expliquer de toutes sortes de manières. Ils n’en constituent pas moins, aujourd’hui, des fautes dramatiques : d’une part parce que la crise écologique – dont le réchauffement climatique n’est qu’un facteur parmi d’autres – est une donnée essentielle de notre temps […]. D’autre part, parce que les estampillés conservateurs seraient plus cohérents que les dénommés progressistes en investissant ce terrain […]. Les conservateurs devraient être spécialement attentifs à la stabilité du climat sans laquelle bien des choses ne seront pas conservées.

Rey rappelle un épisode révélateur: le 23 juillet 2019, l’Assemblée nationale française accueille triomphalement Greta et vote dans la foulée le CETA, traité de libre-échange entre le Canada et l’UE, qui vise en supprimant les droits de douane à intensifier le commerce international et, en particulier, à faire traverser l’océan à des denrées alimentaires qui pourraient parfaitement être produites sur chaque rive […] La vérité est que le mondialisme ne peut être la solution à la crise qu’il engendre. Non seulement cela, mais le « no-borderisme » constitue l’exact inverse de la voie à suivre. Bien sûr, certains problèmes sont globaux. Mais c’est la perte de la mesure locale qui les a engendrés, et c’est recouvrer cette mesure qui peut seule permettre d’y faire face.

Les arguments fondant l’appel d’Olivier Rey aux conservateurs nous semblent justes, même si nous sommes moins enclins que lui à nous prosterner devant le GIEC et à baigner dans l’ambiance de panique mise en scène par les médias, un médecin retraité de l’association Grands-parents pour le climat parlant même de stress pré-traumatique

 Le réchauffement climatique, le recul de la biodiversité et diverses pollutions sont des problèmes dont notre Canton peut souffrir. La Feuille de route du Plan climat vaudois montre que l’État de Vaud s’en soucie.

Il faudra connaître l’avis des premiers concernés (agriculteurs, vignerons, paysagistes, apiculteurs, médecins, communes de montagne, Service de la sécurité civile et militaire du canton, entre autres) et examiner si le plan étatique qui «s’inscrit dans le prolongement de la politique climatique fédérale», laquelle «s’aligne sur les objectifs de l’Accord de Paris», profite au bien commun vaudois.

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