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«Les Tsapoués» de Jean-Jacques Chappuis

Vincent Hort
La Nation n° 1974 23 août 2013

«Les Tsapoués» de Jean-Jacques Chappuis

Publié à la fin de l’année dernière, Les Tsapoués1 est un roman historique dans lequel Jean-Jacques Chappuis retrace la vie de huit générations de ses ancêtres qui se sont succédé en terres vaudoises puis neuchâteloises, du XVIe au XIXe siècle. C’est donc l’histoire romancée de sa propre famille que l’auteur déroule sur plus de trois siècles, depuis l’arrivée de Jérôme à Genève en 1580 jusqu’à l’établissement de Jules- Lucien aux Ponts-de-Martel en 1857. Le patronyme Chappuis dérive du patois «tsapoué», issu du latin carpentum, la charpente. C’est précisément en tant que charpentier de chantier naval que le premier représentant (et seul personnage fictif) de cette lignée parvient à Genève avant de s’établir à Rivaz.

La plus grande partie du récit se déroule dans le Pays de Vaud. Après Rivaz, les descendants de Jérôme et de son fils Jean-le-Boiteux émigrèrent à Carouge où ils exploitèrent un petit domaine agricole. L’incendie de la ferme en 1660 obligea le fils de la famille, Noé, à s’installer à Morges où il développa progressivement une entreprise de transport de marchandises entre les bords du Léman et le port de Cossonay qui était à l’époque le terminal du Canal d’Entreroche; parallèlement, il introduisit la culture de la pomme de terre en dépit de la méfiance de ses contemporains. Son fils Samuel s’établit à Yverdon comme batelier sur le canal, activité que son descendant Jean-Baptiste développa ensuite sur le lac de Neuchâtel. C’est en 1800 que la génération suivante décida de quitter le Pays de Vaud pour s’établir durablement dans la Principauté de Neuchâtel, d’abord à Bevaix puis aux Ponts-de-Martel où Jules-Lucien, trisaïeul de l’auteur, exploita une activité de transport de tourbe. Aujourd’hui encore, Jean-Jacques Chappuis, descendant de cette longue lignée, vit à Neuchâtel.

Durant plus de trois siècles, les générations de Chappuis se sont succédé dans un environnement très stable, largement préservé des tribulations de la grande Histoire qui ne leur parvenaient que de manière assourdie. La domination bernoise est subie avec résignation mais paraît toutefois plus supportable que celle du roi de France qui persécute ses sujets réformés. A deux reprises, l’un des ancêtres Chappuis fut mobilisé par LL.EE. de Berne pour participer à la répression du soulèvement des paysans argoviens (Guerre des Paysans – 1653) ou vider une querelle entre cantons protestants et catholiques (deuxième guerre de Villmergen – 1712). Comme bien d’autres, la famille assista à bonne distance à l’expédition du Major Davel en 1723 puis à la révolution vaudoise en 1798.

L’intérêt de cette saga familiale réside dans sa capacité à nouer un lien concret et affectif avec les ancêtres de l’auteur – qui pourraient tout aussi bien être les nôtres – décrivant leurs conditions de vie parfois précaires, leurs joies, leurs peines et les inscrivant dans le cours du temps et dans une géographie familière. Au-delà du caractère anecdotique du récit, Jean-Jacques Chappuis met l’accent sur les valeurs pratiquées par ses ancêtres: le goût du travail, l’ingéniosité et le sens de l’économie. Ces vertus ont été le moteur de leur destin et ont fondé le cycle des générations.

Notes:

1 Jean-Jacques Chappuis, Les Tsapoués, Éditions MIC-Services, 2012.

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