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Un Vaudois marquant: on nous écrit

RédactionOn nous écrit
La Nation n° 1947 10 août 2012

Le numéro 1944 de La Nation du 29 juin 2012 nous gratifie d’un éditorial fort intéressant au sujet d’une grande (et modeste) personnalité vaudoise, fondatrice des Cahiers de la Renaissance vaudoise en 1926, puis de ce bimensuel en 1931 déjà. Si Pierre II de Savoie est effectivement, selon l’avis confirmé de Denis Ramelet, «le plus grand des Vaudois», cette sorte de classement me fait doucement sourire. Il est en phase avec l’esprit de compétition personnelle de notre modernité. Beaucoup de Vaudois inconnus, demeurés dans l’ombre, ont aussi façonné ce pays, et personne n’en parle ou n’en parlera un jour.

Permettez-moi de venir maintenant au sujet de l’oeuvre de Me Marcel Regamey, puisque c’est bien de lui qu’il s’agit. L’éditorialiste explique avec force détails la position de ce juriste en ce qui concerne en particulier le statut de la population juive sur notre territoire durant la seconde guerre mondiale. Mais pourquoi en profiter pour dénigrer une fois de plus ce célèbre «Rapport Bergier», dix années après sa publication? Cette commission fédérale n’a pas fait du mal «en sortant des actes ou des écrits de leur contexte, ni jugé des faits vieux de soixante ans à l’aune des connaissances et de la sensibilité d’aujourd’hui», mais elle a fait un travail de recherche qui a rempli 28 volumes, soit plus de 11000 pages. Que certains partis politiques et journalistiques se soient emparés de la surface de ce rapport pour discréditer la position de la Suisse durant cette époque passée, c’est une réalité indéniable. Mais n’accusons pas cette commission elle-même d’avoir abusé d’un «procédé polémique de distorsion des faits». C’est faux.

Avec Georges Kreis1 je constate qu’il y a aujourd’hui beaucoup de gens qui critiquent par méconnaissance ce volumineux rapport de synthèse (600 p.) qu’ils n’ont jamais lu. L’historien rassemble des faits, leurs relations entre eux. Il dit par exemple qu’une table mesure deux mètres de long et un mètre-vingt de largeur. Il ne dit jamais si c’est une grande ou une petite table… Autrement formulé, il n’introduit aucun jugement de valeur, voire une forme d’idéologie dans ses propos, contrairement à certains sociologues, journalistes ou autres pourvoyeurs d’idées subversives face aux institutions et leurs responsables.

[…]

ANDRE DURUSSEL-POCHON

 

Sur le premier point, nous accordons à M. Durussel, fidèle lecteur de La Nation, que toute l’opération sacrifiait à une manie des records assez typique de la modernité et, qu’au fond, M. Regamey n’avait pas grand’chose à y faire. Quant au rapport Bergier, en revanche, notre contradicteur oublie les paroles conclusives du professeur Bergier lui-même lors de la présentation de son grand oeuvre à la presse: «nous devons maintenir l’affirmation peut-être provocante dans la forme mais conforme à la réalité: la politique de nos autorités a contribué à la réalisation de l’objectif nazi le plus atroce: l’holocauste.»

Il y a sans doute d’innombrables choses intéressantes dans le rapport, mais dans une société qui vit d’images-choc et de slogans, c’est cette formule qui reste, et justifie nos «dénigrements».

 

1 Kreis Georges: «La Commission Bergier a fait ce qu’elle pouvait et devait faire», Le Temps, 18 mars 2012.

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