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Et la politique?

Jacques Perrin
La Nation n° 2035 8 janvier 2016

(Suite de «Les dissidents sortent de l’ombre», La Nation n° 2034 du 25 décembre)

Les livres et internet ont permis aux opinions divergentes de percer. Ensuite, certaines émissions de radio et de télévision destinées au grand public ont dû les relayer, car les médiatiques dominants ont compris qu’ils se couperaient d’une partie de leur public s’ils continuaient à dédaigner ou à passer sous silence quelques méchants sires. Pour de simples raisons de rentabilité, il n’était plus possible de bavarder entre bien-pensants.

Bien que l’ambiance médiatique libérale-libertaire règne encore, ses serviteurs prennent peur, leur position est menacée. Il faut s’attendre à un durcissement de la caste en place, à l’élaboration de lois réprimant plus sévèrement le racisme supposé, le sexisme, l’homophobie, voire le spécisme, et limitant une liberté d’expression désormais infestée de «dérapages» incorrects.

Nous avons parlé de «dissidents», mais il n’y a pas de commune mesure entre les résistants au communisme ou au nazisme et les rebelles d’aujourd’hui. Un Eric Zemmour court infiniment moins de risques que Soljénitsyne en son temps. Le traitement plutôt doux réservé aux élèves turbulents va-t-il durer? Nul ne sait…

Il faut dire que la plupart des auteurs mentionnés dans nos deux articles précédents n’ont pas d’idées politiques dangereuses. Ils sont tous démocrates. Sans doute méprisent-ils les «valeurs républicaines». La vacuité des «droits humains» prétendument universels les énerve. Les partis politiques ne les enchantent pas. Quand Sarkozy ou Hollande font des promesses, ils rigolent. La démocratie représentative tournant à l’oligarchie, les magouilles financières, le cirque électoral et les divisions partisanes leur répugnent, mais aucun ne s’en prend vraiment à la démocratie, hors de laquelle il n’y a point de salut et qui reste le pire des régimes à l’exception de tous les autres. L’imagination institutionnelle et la capacité de penser un régime à partir de l’histoire nationale leur manquent. Certains se contentent de faire leur travail de réflexion, et c’est déjà beaucoup. D’autres, moins inspirés, se mettent à suivre un homme politique rejeté par les appareils des partis, un Le Pen, un Jean-Pierre Chevènement, un Philippe de Villiers. Zemmour attend l’homme fort, un nouveau de Gaulle, un nouveau Napoléon, un nouveau Clemenceau, dont on se demande comment il s’extrairait du marécage… Houellebecq prône la démocratie directe sans se demander si elle convient à la France telle qu’elle s’est construite. Jean- Claude Michéa compte sur la décence morale et le bon sens du peuple, en partie illusoires… D’autres encore sont si désespérés («la sottise absolue en politique») qu’ils vivent un exil intérieur, comme Richard Millet, ou partent au Canada, comme Maurice G. Dantec.

Les seules idées politiques que nous tenions pour consistantes se trouvent dans Catholica, la Revue universelle et surtout l’Action française dont la rédaction, notablement rajeunie, se montre combative, grâce à Aristide Leucate et François Marcilhac, lesquels s’expriment aussi sur le site Boulevard Voltaire de Robert Ménard, examinant toute chose dans la perspective du bien commun français dont la monarchie, si elle renaissait, serait le plus solide garant. Elle protégerait le pays plus efficacement contre le risque de guerre civile, toujours si présent. Bien que le journal ne comporte aucune signature connue du grand public, il offre des articles du plus grand intérêt notamment sur la politique étrangère de la France et les questions institutionnelles. Il fait preuve d’un esprit d’ouverture véritable (parce que solidement ancré dans la tradition) en adoptant dans les courants de pensée les plus divers des idées qui pourraient contribuer à la renaissance de la patrie française.

On ne fait pas de politique sans assumer l’histoire d’un pays, sans aimer celui-ci, même quand sa situation paraît désespérée. Les gens de l’Action française l’ont compris et ne se laissent plus berner par les faux clivages: gauche ou droite? Progrès ou tradition? Démocratie ou fascisme? Droits de l’homme ou servitude? D’autres oppositions se sont fait jour: écologie ou croissance infinie? Différence ou égalité? Nation ou empire? Libertés ou dictature techno-bureaucratique? Unité ou uniformité? Communauté ou idéologie communautariste? Personne enracinée ou individu hors sol? Protection de l’économie nationale ou libéralisme mondialisé? Chaque alternative nous oblige à un choix sans qu’il soit nécessaire de voir le mal absolu dans les options que nous écartons. Dans l’Action française, contrairement à ce que nous lisons parfois dans les feuilles d’extrême- droite, nous ne constatons nul catastrophisme, nulle obsession de la décadence, nul désir caché de guerre civile identitaire comme si la France se réduisait à une forteresse assiégée par les complots, aucune volonté d’exclure, de stigmatiser ou de chasser quiconque, point trop de nostalgie désarmante, mais un travail lent et patient pour assimiler toute personne, quelles que soient son origine ou sa religion, faisant allégeance à la nation française et à son histoire millénaire.

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