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OUI à l’amélioration du réseau autoroutier suisse

Antoine Rochat
La Nation n° 2265 1er novembre 2024

Le 24 novembre prochain, le peuple suisse est appelé à voter pour ou contre «l’arrêté fédéral sur l’étape d’aménagement des routes nationales». Des quatre objets soumis au vote ce jour-là, c’est sans doute celui qui suscite les débats les plus passionnés. De quoi s’agit-il?

Bref rappel historique

La Confédération dispose de compétences étendues en matière de transports routiers et par le rail1. Pour financer les travaux dans ces domaines, il existe un Fonds d’infrastructures ferroviaires (FIF), accepté en votation populaire en 20142, et un Fonds pour les routes nationales et pour le trafic d’agglomération (FORTA), approuvé par le peuple et les Cantons en 20173. La «paix des transports» n’aura hélas pas duré longtemps: un référendum a été lancé contre l’utilisation d’une partie du fonds FORTA, sur lequel nous allons nous prononcer bientôt dans les urnes.

Le projet soumis au vote

L’arrêté concerne le financement destiné à éliminer six goulets d’étranglement du réseau des autoroutes suisses: la création d’un nouveau tunnel à Bâle, celle d’un deuxième tube à Schaffhouse, celle d’un troisième tube à Saint-Gall, l’élargissement de deux tronçons de l’autoroute Berne - Zurich dans la région bernoise4, et enfin celui de l’autoroute Lausanne - Genève entre Nyon et Le Vengeron5. Ces travaux devraient coûter 4,9 milliards de francs et être réalisés à l’horizon 2040.

Les arguments des référendaires

Les référendaires6 dénoncent des dépenses qu’ils jugent excessives, des pertes d’espaces verts et de terres agricoles, ainsi qu’une augmentation du trafic, du bruit et de la pollution. Ils préconisent de développer les transports publics et le vélo, et de réduire le trafic routier. Ils recommandent de voter non.

Les arguments des partisans du projet

Le Conseil fédéral et les Chambres, mais aussi les partis de droite et du centre7 ainsi que les milieux économiques, soutiennent le projet, pour les principales raisons suivantes:

– Eliminer six goulets d’étranglement permet de diminuer les embouteillages, qui se sont multipliés ces dernières années8.

– L’amélioration de la fluidité des autoroutes évite des reports de trafic sur les routes cantonales et fédérales.

– Le risque d’accidents est nettement moins important sur les autoroutes que sur les routes; le projet aura pour conséquence d’améliorer la sécurité routière.

– Trois des six projets sont en tunnel; ils n’auront donc aucun impact sur les terres agricoles.

– Quant au trajet Nyon – Le Vengeron, long de 19 kilomètres, il dispose de surfaces de réserve; les terres agricoles seront réduites de moins de 3 hectares sur ce tronçon.

– Les procédures d’autorisation ne changent pas; les communes, les associations et les particuliers garderont la possibilité de recourir contre tel ou tel aménagement.

Notre appréciation

L’augmentation du trafic découle d’abord de l’évolution de la démographie. En 60 ans, la population suisse a augmenté de près de 60%, celle des Cantons de Vaud et de Genève de près de 90%, et celle du district de Nyon de 270%! Dans le même temps, l’autoroute Lausanne – Genève, construite pour l’Expo 64, n’a que peu changé9. Sans éliminer ces goulets d’étranglement, on va paralyser durablement le réseau routier et autoroutier dans la plus grande partie de la Suisse.

La crainte d’un appel d’air (l’élargissement des routes fait augmenter le trafic) n’est pas infondée, mais elle doit être relativisée. L’exemple du contournement autoroutier de Lausanne, qui a passé de deux à trois voies il y a bientôt 30 ans, montre les effets bénéfiques d’une telle mesure à long terme; il en va de même à Zurich. La population a certainement augmenté davantage que le trafic routier durant la même période.

Enfin et surtout, il faut rappeler que le rail et la route sont complémentaires. Il s’agit de développer les deux réseaux, et ne pas raviver une querelle stérile entre ces deux types de transports10. Le 24 novembre prochain, nous voterons OUI à l’amélioration ponctuelle du réseau autoroutier suisse.

Notes:

1   Art. 81 à 88 Cst. féd.

2   Voir La Nation n° 1985 du 24 janvier 2014, p. 3.

3   Voir La Nation n° 2061 du 6 janvier 2017, p. 3.

4   De Berne-Wankdorf à Schönbühl, et de Schönbühl à Kirchberg.

5   Echangeur séparant le trafic vers Genève de celui vers l’aéroport et la France.

6   Le référendum a réuni un peu plus de 60 000 signatures, mais le comité référendaire en avait annoncé plus de 100 000…

7   Sauf les verts-libéraux.

8   En 2023, les bouchons ont augmenté de 22% sur les autoroutes suisses, alors que la hausse du trafic n’a été que de 1,5%.

9   Si ce n’est l’utilisation de la bande d’arrêt d’urgence entre Ecublens et Morges en cas de fort trafic.

10 Voir à ce sujet les interventions d’Olivier Français et de Jacqueline de Quattro dans Le Matin Dimanche du 25 août et du 1er septembre 2024.

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