Compositeurs vaudois à l’honneur

Trop oubliés, ou du moins peu joués, plusieurs compositeurs vaudois de la fin du XIX^e et de la première moitié du XX^e siècle ont été à l’affiche de deux concerts à fin mai.

L’Union chorale de La Tour-de- Peilz, pour son 150^e anniversaire (bravo!), a monté Les sept paroles du Christ, de Gustave Doret, œuvre datant de 1893. On n’est pas du tout dans le registre populaire du compositeur de deux Fêtes des vignerons, qui nous vaut d’ailleurs des chœurs parfaitement réussis. Les Sept paroles offrent une musique puissante, dramatique plutôt que recueillie, dont l’intérêt ne faiblit pas. Certains y voient une composition dans un style à la française proche de celui de Massenet; ça se discute; la gravité d’une riche orchestration, le fort lyrisme de maints passages excluent en tous cas qu’on n’y voie seulement une belle élégance.

A peu près simultanément, le pianiste Adalberto Maria Riva donnait, au château de Champittet à Yverdon, un récital d’œuvres d’Emile Jaques-Dalcroze (une Ballade fort bien menée et d’une riche harmonie), de George Templeton Strong (un Américain fixé chez nous de longue date, dont furent joués Quatre Poèmes), d’Emile-Robert Blanchet, grand virtuose (dont la pièce Tocsin, datée du 3 août 1914, est fort impressionnante, comme sa transcription d’un fugue de Bach), d’Aloÿs Fornerod (avec la version originale pour piano du Voyage de printemps, qu’on a le droit de tenir pour au moins équivalente à la version orchestrale), et d’Heinrich Sutermeister (Vaudois d’adoption, dont une œuvre de jeunesse révèle déjà la grande maîtrise).

Merci aux artistes d’avoir présenté – et exhumé parfois – ces œuvres de valeur. Notre patrimoine musical de cette période devrait être honoré plus souvent.