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Le véganisme et la nature

Jean-François Pasche
La Nation n° 2126 5 juillet 2019

Né de bons sentiments envers les animaux, le véganisme pose la question de la relation entre l’homme et la nature. A la base, il s’agit de pitié envers les bêtes, dont le droit à la vie passerait avant l’appétit humain. En outre, des images de mauvais traitements dans les abattoirs industriels ont fortement contribué au refus de manger de la viande.

Dans le même temps, l’idéologie antispéciste développe et promeut l’idée d’une égalité entre les hommes et les animaux en se basant sur la souffrance que tous éprouveraient de la même manière. Ne s’agissant plus seulement de la mort de l’animal, mais de tout ce qu’il éprouve, la consommation générale de tout produit animal, du pull en laine au steak de bœuf en passant par le fromage frais, se voit fermement condamnée. Par ailleurs, l’élevage est soupçonné de gaspiller d’immenses ressources naturelles en eau et en céréales, notamment.

De prime abord, on pourrait croire à un rapprochement de la nature en raison de la plus grande attention, voire du respect qui lui serait accordée. Toutefois, les adeptes du véganisme se retrouvent à consommer des aliments artificiels. Des recherches sont menées depuis plusieurs années pour produire de la viande de synthèse en laboratoire. Ainsi, les supermarchés offrent désormais des produits qui ressemblent à de la viande (saucisses, steaks, viande hachée, etc) mais étiquetés véganes.

En outre, la forte hausse de la demande en avocats et autres fruits et céréales exotiques, dont les vertus nutritives sont fortement appréciées des véganes, pose des problèmes environnementaux dans les pays producteurs. Les traders de denrées alimentaires sont ravis de voir émerger de nouveaux marchés. Pour eux, peu importe de spéculer sur des importations du bœuf d’Argentine ou sur des cargaisons de quinoa. Leur souci du bénéfice a toutes les chances d’occulter leur conscience écologique.

C’est ainsi que les idées d’aujourd’hui mènent à une déconnexion du réel. Dans une interview accordée au Temps en mai dernier, l’essayiste français Paul Ariès, adepte de la décroissance, relève qu’aller «vers un humain augmenté qui mange des produits de synthèse risque de nous conduire dans un monde complètement numérisé, aseptisé, déshumanisé1». Dans tous les cas, nous pensons que les végans, militants pro climat et autres idéologues contemporains, sont loin d’échapper au capitalisme dominateur et producteur de CO2!

Notes:

1  Paul Ariès, «Le véganisme est une idéologie politique totalitaire», propos recueillis par Valère Gogniat, Le Temps, 9 mai 2019.

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