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Comment la mort de L’Hebdo conduit au nazisme

Julien Le Fort
La Nation n° 2065 3 mars 2017

Parmi les différentes personnalités interrogées par la RTS au sujet de la fin de L’Hebdo, l’UDC Yvan Perrin a été le seul à ne pas regretter la disparition du magazine. Il a déclaré: «Les pro-européens et le parti socialiste vont devoir payer leur propre propagande, ce qui va les changer. Parce que la ligne éditoriale de L’Hebdo, depuis de nombreuses années, tient en deux axes: oui à l’Union européenne, non à l’UDC. Et puis au bout d’un moment, ça lasse.»1

Lus à tête reposée, ces propos n’ont rien de scandaleux. Ils expriment un point de vue certes différent de celui de la majorité, mais l’on peut comprendre qu’un UDC exprime sa lassitude d’un journal qui faisait tourner son imprimerie en critiquant l’UDC.2

Néanmoins, ces propos ont valu à Yvan Perrin d’être cloué au pilori par François Cherix. Dans la rubrique «Opinions» du journal Le Temps du 7 février 2017, celui-ci a publié une tribune intitulée «Réplique aux ricanements nauséabonds d’Yvan Perrin sur la mort de L’Hebdo ». Cette réplique est d’une violence inouïe au regard des propos tenus initialement par Yvan Perrin. Tout y passe: la défense des libertés fondamentales, la montée des eaux brunâtres, la référence à Donald Trump et une comparaison explicite avec le régime nazi. C’est que François Cherix a totalement surinterprété les propos d’Yvan Perrin au point d’y voir une menace contre nos institutions. On aurait attendu de lui plus d’honnêteté intellectuelle, par exemple en avouant que les pro-européens avaient effectivement perdu une tribune efficace. Mais non: il s’est senti attaqué dans son être profond.

La réaction violente et disproportionnée de François Cherix pourrait faire sourire car elle insère de l’idéologie là où il n’y avait que la mort d’un magazine. Toutefois, elle nous éloigne un peu plus des moeurs souhaitables pour la vie publique, en vue d’une vie en communauté harmonieuse. En ce sens, François Cherix a, me semble-t-il, manqué une occasion de ne pas prendre sa plume.

Notes:

1 Téléjournal du 23 janvier 2017.

2 Ce dernier point paraissant unanimement admis.

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