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Sonnet

Daniel Laufer
La Nation n° 2045 27 mai 2016

A José-Flore Tappy

Ballet de la brosse et du balai

Au temps d’avant le temps tout n’était que poussière,

Et le retour à cet état a commencé,

Instant libre et divin, lors du premier péché.

J’ai pourtant essayé, plaide la brosse altière,

 

D’empêcher le désastre, et je persiste encore,

Inlassable, à mener les mains faibles de l’homme

Vers son salut. Ainsi nous les brosses, en somme,

Aux habits, aux parquets, aux cheveux, aux dents d’or,

 

Partout nous efforçons de retarder l’ultime,

L’heure apocalyptique du prochain chaos!

– Et moi, dit le balai, n’est-ce pas moi qui trime,

 

Mon manche entre les mains qui délaissent le tien?

Peut-être, dit la brosse, et devant cet abîme

De l’humain désordre nous sommes les témoins.

 

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