Trois livres

Avant que quelque rédacteur de La Nation ne s’empare de l’un d’eux pour en parler plus à fond, nous aimerions signaler la parution de trois livres prometteurs, destinés à retenir l’attention de tout lecteur vaudois attaché à la fois au Pays qui l’a vu naître et à la littérature universelle.

D’abord, celui d’un estimable critique littéraire, esprit véritablement indépendant, dont la maison d’édition française Pierre-Guillaume de Roux nous offre Les Jardins suspendus, lectures et rencontres 1968-2018. C’est de Jean-Louis Kuffer qu’il s’agit, lequel s’attaque avec autant d’à-propos aux poids lourds russes (Dostoïevski, Grossmann ou Soljénitsyne) qu’aux romanciers et poètes d’aujourd’hui (Bret Easton Ellis, Cormac McCarthy, Houellebecq, Barilier, Jaccottet), sans oublier les auteurs «sulfureux» (Rebatet, Céline, Thibon) et des dizaines d’autres.

Ensuite, une monographie bien utile parue aux éditions EPFL/Le Savoir suisse (nos Que Sais-Je ?) intitulée C.F. Ramuz, sentir vivre et battre le mot. L’auteur en est M. Stéphane Pétermann, jeune chercheur au Centre des Littératures en Suisse romande (UNIL), ancien élève du collège d’Aubonne où Ramuz enseigna brièvement.

Enfin, aux éditions Livreo/Alphil, Par-delà le régionalisme, roman contemporain et partage des lieux. L’auteur, Claire Jaquier, a étudié les Lettres à Lausanne. Spécialiste de Gustave Roud, professeur émérite à l’université de Neuchâtel, elle montre que le roman régionaliste eut son siècle de gloire entre 1840 et 1945, puis fut décrié pour avoir chanté les «valeurs» de l’enracinement et du terroir. Aujourd’hui, le souci des lieux, du pays natal, de la petite patrie, des paysages et de l’environnement naturel renaît sous une autre forme. Claire Jaquier a étudié cette renaissance en enquêtant sur une cinquantaine de romans contemporains, suisses et français.