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L’Etat se moque de 28’000 Vaudois

Jean-Hugues Busslinger
La Nation n° 2232 28 juillet 2023

Les belles promesses rendent les fous joyeux dit l’adage… seulement voilà, les Vaudois ne sont pas fous et n’ont hélas guère de raisons de se réjouir du traitement fiscal qui leur est réservé. Rappelez-vous, plus de 28’000 d’entre eux ont signé une initiative pour demander une diminution de 12% de l’imposition cantonale sur le revenu et la fortune. Ces colonnes l’avaient soutenue. L’initiative déposée début avril dernier avait réuni le nombre de signatures le plus important depuis le siècle dernier, ce qui témoignait du ras-le-bol des contribuables vaudois face au traitement fiscal qui, depuis plus d’une longue décennie, leur est réservé. Alors que l’Etat accumulait année après année des bénéfices indécents – plus de six milliards depuis 2013, ce n’est certes pas rien – le fardeau de l’imposition reste lourd, très lourd, au point que Vaud figure, pour l’impôt sur le revenu et la fortune et quel que soit le type de contribuable (célibataire, marié, avec ou sans enfants etc.), dans le peloton de tête de ceux qui manient la matraque fiscale avec le moins d’égards. On aurait pu croire que le Conseil d’Etat se saisirait du dossier avec détermination. Il n’en est hélas rien. Pire, les quelques mesures fiscales présentées le 3 juillet dernier alourdiraient encore l’impôt sur le bénéfice des entreprises, et si l’impôt cantonal sur les personnes physiques devrait bien diminuer de quelque 2,5%, l’imposition de la fortune n’est en rien concernée. On hésite ainsi, à la lecture du communiqué de presse de l’Etat qui affirme: «Soulager la charge fiscale des ménages vaudois et soutenir le pouvoir d’achat de sa population est un engagement fort du Conseil d’Etat dans son programme de législature», entre le sentiment d’affronter un profond mépris ou une insoutenable légèreté. La motion Jobin, pourtant adoptée par le Grand Conseil, demandait une baisse de 5 points du coefficient cantonal, ce qui équivaut à une réduction de l’impôt cantonal de 3,2%. Même ce taux n’est pas respecté. Et en rapport de la baisse demandée par l’initiative, la proposition confine au ridicule. Pour le reste – entendez l’impôt sur la fortune, les mesures de compensation de l’augmentation de l’imposition des entreprises résultant du projet de l’OCDE ou une autre réduction de l’imposition du revenu – il faudra attendre.

Est-ce la crainte de manquer de moyens alors que les derniers comptes ont bouclé par un bénéfice de près de 500 millions de francs avant écritures de bouclement? Est-ce la difficulté à se libérer de l’héritage du précédent chef du département des finances comparé dans la presse à un écureuil obèse assis sur un tas de noisettes? Est-ce plus lamentablement un signe d’arrogance de la gent politique à quelques mois d’élections fédérales? Les Vaudois méritent assurément mieux que ce discours et ces mesures qui suscitent étonnement et réprobation. En un mot, on osera affirmer qu’elles confinent au scandale.

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