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Juvenilia CXXV

Jean-Blaise Rochat
La Nation n° 2038 19 février 2016

Les parfums qui caractérisaient naguère certains lieux sont en voie d’extinction: l’entêtante odeur d’éther des cabinets médicaux; le singulier mélange de jute, de riz et de pétrole raffiné des épiceries; l’effluve des pommes ridées, magnifié par le gravier humide des caves. A l’école dominaient des senteurs d’encre renversée, de bois patiné, d’éponge un peu moisie… La dernière odeur qui flottait dans les classes est sur le point de disparaître: celle de la craie, depuis l’installation de tableaux interactifs reliés à un ordinateur.

En tant qu’utilisateur parcimonieux de ce nouvel outil pédagogique, je bénéficie de l’aide spontanée de mes élèves, tout heureux de me montrer leur aisance à manier les moyens modernes mis à notre disposition. Un jour, au détour d’une conversation, je compris que j’étais, de tous leurs maîtres, celui qui étais le plus rétif devant cet immense écran de cristal liquide. Je leur demandai s’ils souhaitaient que je l’emploie davantage durant mes cours.

– C’est très bien ainsi. Ne changez rien.

– Ce n’est pas votre style.

– Vous forceriez votre nature.

– Vous avez déjà eu assez de mal avec votre nouveau téléphone portable.

– Ça nous fait une pause.

– On aime bien avoir un peu d’enseignement «à l’ancienne».

Et c’est ainsi qu’on devient un dinosaure.

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