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Triste mascarade

Jean-François Cavin
La Nation n° 1973 9 août 2013

Dans 24 heures du 18 juin, M. René Knüsel, politologue et professeur à l’Université, plaide pour le «revenu inconditionnel»: quelques milliers de francs par mois versés à chacun par l’État, remplaçant les prestations de l’AVS, de l’AI, de l’AC et de l’aide sociale pour ceux qui en bénéficient et étendant à tous les habitants, même valides, les bienfaits d’une largesse étatique généralisée. Une initiative populaire allant dans ce sens semble prête à être déposée, ce qui réjouit le professeur.

L’idée que la Confédération devienne la nourrice universelle est détestable en soi. Elle assoit la toute-puissance de la machine publique. Elle infantilise les citoyens – un peuple d’assistés. De plus, quel encouragement à la fainéantise! Et quel coût insupportable, assurément plus de 200 milliards annuels…

M. Knüsel sait tout cela. Par conséquent, il n’a même pas le courage de militer franchement pour l’initiative, mais préfère avancer masqué. Il se félicite donc que le succès de la récolte de signatures ouvre «un vaste débat démocratique sur le dispositif de protection sociale à dessiner pour la Suisse de demain».

Quelle est l’utilité d’ouvrir un «vaste débat» sur une idée manifestement pernicieuse – sauf pour les amateurs d’un communisme plus communiste que celui des soviets et des maoïstes réunis – et de surcroît vouée à un échec certain? Faut-il «ouvrir un vaste débat» sur l’essence à dix francs, sur la reconstruction du couvent de Saint-François, sur la réélection populaire périodique des professeurs de politologie?

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