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Pirates démocrates et puces antipuces

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 1973 9 août 2013

On s’émeut d’apprendre que le système de vote par internet testé dans le Canton de Genève n’est pas sûr. Un pirate habile aurait découvert une faille permettant d’inverser le oui ou le non d’un électeur sans que celui-ci ne s’en rende compte.

Peut-être l’informaticien qui a réalisé le programme a-t-il jugé que ce détail était somme toute secondaire. Peut-être a-t-il eu raison, d’ailleurs. Non seulement parce que certains cantons ont déjà été capables d’inverser leurs résultats sans passer par internet, mais aussi et surtout parce qu’il arrive à de nombreux citoyens de ne pas comprendre les questions et de voter oui en pensant non, ou vice versa. Et comme on voit autant d’ânes chez nos «amis» que chez nos ennemis, on en vient à penser que les oui à la place des non et les non à la place des oui finissent par se compenser.

Le seul acte de piratage vraiment utile ne serait-il pas de modifier le programme pour qu’il envoie exclusivement des votes négatifs? Et que dira-t-on le jour où les logiciels de vote par internet seront devenus véritablement inviolables, mais que des pirates encore plus habiles auront trouvé le moyen d’agir en amont, en prenant le contrôle de la volonté des électeurs d’une manière encore plus efficace que ce que fait aujourd’hui la radio-télévision d’État, par exemple en se frayant un accès aux puces électroniques d’identification que des technocrates rêvent de nous introduire sous la peau «pour notre sécurité» ou «pour notre confort»?

Heureusement, des contre-mesures semblent encore possibles. Supprimer la démocratie serait sans doute une option à privilégier. Mais pour rester dans le seul domaine technique, nous évoquerons surtout ce pauvre chat perdu dont l’avis de disparition indiquait qu’il était équipé «d’une puce et d’un collier antipuces». L’histoire ne dit pas s’il a fini schizophrène.

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