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Tennis en juillet

Julien Le Fort
La Nation n° 2233 11 août 2023

Note d’un écolo woke

En ce mois de juillet, je me suis laissé tenter… j’ai regardé quelques matchs du tournoi de Wimbledon. Maintenant que Federer a arrêté de jouer, le tennis n’est plus «nationalisant» en Suisse, alors je me suis dit que je pouvais regarder des matchs à nouveau. Il faut dire que j’avais trouvé un centre commercial équipé de la climatisation qui diffusait les matchs dans le hall. Je pouvais profiter du frais et de la retransmission sans en porter la responsabilité. Par précaution, j’ai quand même enfilé une casquette et des lunettes, histoire de ne pas être surpris par un camarade en flagrant délit de plaisir sportif.

En voyant ces matchs, je me disais que le tennis reste un sport de l’ancien monde. Le monde du tennis n’a rien compris aux enjeux mondiaux actuels. Certes, le tournoi de Wimbledon est inclusif et il a permis à un Afro-Américain d’accéder aux quarts de finale. Mais cette inclusion est totalement excessive quand on voit le nombre de joueurs russes et biélorusses qui participent au tournoi – on dirait une ode à Poutine. Et puis certes, le tournoi de Wimbledon se déroule sur de l’herbe. Mais cette herbe, c’est plutôt un green qu’une herbe comme on l’aime chez les Verts. Comme biotope, c’est nul – même si, au moins, ça a la couleur verte.

Surtout, que dire du code vestimentaire! Les hommes jouent en shorts mais les femmes jouent obligatoirement en jupe. Ce code binaire est déjà révoltant en soi, mais parlons de la couleur des vêtements. Les maillots des joueurs? Blancs! Les shorts et jupes? Blancs! Les chaussures? Blanches! Du blanc, du blanc, rien que du blanc! Même les serviettes éponges des joueurs sont blanches! Et ça, c’est vraiment un héritage patriarcal et colonial inadmissible. Surtout, c’est une insulte (une macro-agression!) à tous les joueurs qui ne sont pas complètement blancs. Pourquoi ces joueurs-là ne pourraient-ils pas revendiquer une serviette-éponge et des vêtements qui leur ressemblent? Il faut impérativement déconstruire tout ce blanc.

Entre deux manches d’un quart de finale, j’ai partagé ma révolte intérieure avec l’inconnu qui regardait le match à côté de moi. Ne devait-il pas admettre avec moi que Wimbledon n’a plus sa place dans le monde du XXIe siècle? Il m’a répondu placidement: «Moi je suis vaudois. Vert et blanc, c’est mes couleurs préférées. Je regarde Wimbledon juste pour ça.» Il y a encore du chemin pour parvenir à un monde juste, solidaire, inclusif, écologique, sans frontières, etc.

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