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Actualités  |  Mardi 14 janvier 2014

Une vraie mauvaise idée, le service citoyen

Le socialiste Mathias Reynard et le libéral-radical Hugues Hiltpold ont chacun déposé un postulat demandant que le Conseil fédéral conçoive un «service citoyen», obligatoire, de courte durée, éventuellement ouvert aux étrangers et aux femmes.

Remarquable convergence entre le socialiste, dont le parti a réaffirmé il y a peu son opposition de principe à l'armée, et le libéral, qui prône par dessus tout la liberté de l'individu!

En rejetant l'initiative du GSsA, disent en substance nos deux postulants, la Suisse a démontré qu'elle reste très attachée à l'obligation de servir. Il s'agirait juste de redéfinir cette obligation, c'est-à-dire l'étendre à toutes sortes d'activités civiles. Il faut vraiment nier l'évidence pour prétendre que les Suisses n'auraient voté que sur l'obligation de servir, indépendamment de la question militaire: en fait, durant toute la campagne, on n'a parlé que de cette question.

Selon M. Reynard, ce service «permettra de renforcer la cohésion nationale et l'intégration de chacun dans la société». C'est vrai que l'armée joue un tel rôle en faisant vivre ensemble des Suisses de toute provenance sociale et géographique. La solidarité militaire et l'intégration sociale qui en découlent sont bien réelles. Mais ce sont les retombées heureuses d'une activité qui se passe dans le cadre strict d'un système hiérarchisé, exigeant et physiquement pénible. Cela ne saurait toucher le «civiliste» qui rentre chaque soir à la maison.

Si l'on veut rendre service à la société en dehors de l'armée, il n'est pas nécessaire de recourir à la Confédération. Il y a, rien que dans ce Canton, des centaines d'associations, d'organisations et de clubs divers qui proposent des activités ciblées dans tous les domaines évoqués par nos deux parlementaires: santé, social, protection de la nature, engagement humanitaire, organisation de manifestations… et bien d'autres. Inutile de charger l'Etat de besognes que d'autres peuvent faire mieux que lui, et bénévolement!

Les postulants dénoncent aussi le fait que beaucoup de jeunes se soustraient à l'obligation militaire. Il serait équitable selon eux qu'ils soient eux aussi contraints de servir la Confédération.

Sans doute, mais c'est une erreur de ne poser la question qu'en termes de droits et d'obligations individuels. Il faut aussi et d'abord la poser en termes de nécessité militaire: avons-nous besoin d'une armée? et quels sont ses besoins? Le traitement du citoyen dépend de la réponse à ces questions.

Or, le pouvoir fédéral revoit continuellement nos besoins militaires à la baisse, lors même que les trois quarts des Etats du monde consacrent des sommes  croissantes à leur armement. C'est peut-être là qu'est la réponse au souci de justice de nos deux parlementaires: avec des effectifs correspondant mieux à l'évolution de la situation actuelle, la masse des embusqués fondrait comme neige au soleil.

(Olivier Delacrétaz, 24 heures, 14 janvier 2014)