Les deux versants de la solitude

Chantre de l'identité jurassienne, Alexandre Voisard est mort cette année, cinquante ans après le plébiscite qui mena le Jura vers l'autonomie. L'occasion nous est donnée de redécouvrir son œuvre et notamment ce recueil de poème publié en 1969 aux Cahiers de la Renaissance vaudoise.

«De l'accent baudelairien au langage rythmé d’une prose qui évoque certains moments d'Eluard, Alexandre Voisard chante une solitude où règne la beauté. Un chant triste, qui ne souffre cependant nulle langueur, et qui se meurt avec le vol de l’abeille ou les braises du feu.

Car la solitude de Voisard n’est pas facile à partager, et sa soif de liberté se perd dans la quête d'éternelles fontaines, lorsqu’au détour de chaque poème la musique des mots rejaillit à l’infini du rêve. Ses vers ne sont ni puissants ni tendres, lyriques ou mesurés, mais la passion qu’ils renferment engendre comme le murmure des sources au milieu des tempêtes. Et le feu, l’esprit du seigle, les vieilles légendes et la musique des fougères ont ravi le poète, comme en des temps plus anciens le regret des mystères.

Le mystère de Voisard, sa seule solitude, et son unique souci éclaire chaque vers des «Deux Versants de la Solitude», et se meurt, troublante agonie d’un oiseau blessé.»

Extrait d'une présentation de l'ouvrage par M. Jean-Pierre Graf dans la Feuille d'avis de Vevey (24.01.1970)