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Actualités  |  Mardi 18 novembre 2014

Diminuer le nombre des cultes du dimanche?

Le Conseil synodal de l'Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud envisage de réduire le nombre des cultes dominicaux. Il ne s'agit apparemment pas d'économiser du temps ou de l'argent. L'idée est plutôt de privilégier les coups spectaculaires, les événements uniques, les rencontres de masse, les «lieux-phares». Les médias et les réseaux sociaux donneront suite, on l'espère du moins, ce qui permettra de s'adresser à toute la population et pas seulement à la minorité censément en voie de disparition qui se lève le dimanche matin. Je me permets d'écrire «censément», parce que ça fait bien cinquante ans que j'entends dire que les églises se vident!

Les réactions du Synode ont été plutôt négatives. Un seul membre a affirmé, tout abstraitement, qu'il fallait oser prendre des risques. Soit. Encore convient-il d'identifier ces risques et juger s'ils en valent la peine.

Jour du repos du Créateur, jour de la résurrection du Sauveur, le dimanche est doublement symbolique. De la sorte, le culte hebdomadaire continue de donner une tonalité chrétienne à toute la société et, par l'omniprésence sonore des cloches, à l'ensemble du territoire vaudois. Le symbole est puissant. On le casserait en disjoignant le rythme du culte de celui de la vie des gens qui travaillent. C'est un premier risque.

Un autre risque concerne tous ceux dont la foi est liée à des habitudes plus qu'à des convictions. En cassant les traditions, notamment celle du culte dominical, on les détache de l'Eglise. C'est certes une tentation de se désintéresser de ces chrétiens «à l'ancienne» au profit d'un public jeune qu'on pense conquérir avec les méthodes modernes de la communication. Mais cette foi si discrète, si pauvre en apparence, qui peut en juger sur le fond? qui sait de quels efforts personnels et de quelles prières elle résulte? qui connaît les possibilités d'évolution qu'elle cache? L'Eglise en a aussi la garde.

Et, à l'inverse, combien de ces proclamations de foi tonitruantes qui restent à la surface et ne résistent pas à l'usure du temps?

Pensons encore à ces personnes disloquées par la vie, qui trouvent dans la régularité imperturbable du culte la solidité qui leur fait défaut. La célébration du dimanche, moment de paix de l'âme, lieu de partage fraternel, occasion de prier en commun, est une manifestation concrète de la fidélité personnelle du Christ à leur égard.

Quant à ceux qui s'engagent dans l'Eglise, laïcs qui donnent le culte de l'enfance ou le catéchisme, pasteurs qui assument un ministère paroissial ou particulier, dans les rues, dans les prisons ou dans l'aide sociale, ils trouvent dans le culte du dimanche le ressourcement spirituel et intellectuel, dont ils ont un besoin absolu. C'est le troisième risque: priver les chrétiens actifs de leur base opérationnelle.

Trois risques majeurs qu'on nous propose de faire courir aux fidèles et à l'Eglise… pour quoi?

(Olivier Delacrétaz, 24 heures, 18 novembre 2014)