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Actualités  |  Mardi 26 septembre 2023

École vaudoise: la politisation n’est pas qu’électorale

La Ligue vaudoise se méfie traditionnellement de la démocratie parlementaire. Elle ne se scandalisera pas que M. Borloz interdise les débats électoraux à l’école ou au gymnase à la veille d’élections.

Ce n’est sans doute pas tant l’interdiction en elle-même que le sentiment d’avoir été démasquée qui a suscité les fortes réactions de la gauche. La directive du Département ne pose toutefois que des critères purement formels de temporalité, et n’interdit pas les débats par principe.

D’expérience, ceux qu’elle interdit étaient d’ailleurs plutôt équilibrés dans leur représentativité politique. Le danger de politisation réside en fait ailleurs, en dehors des échéances institutionnelles. Car il y a bien un problème de politisation, à gauche, d’une partie de l’enseignement vaudois.

On dénoncera avec fermeté la complaisance officielle que le Département, l’école, les gymnases, la HEP ou encore l’Université témoignent, à tour de rôle, pour la grève du climat et la grève féministe. Renoncer à tenir des tests ou des examens à leurs dates revient à y céder. Dans les rangs des grévistes, Les Verts et SolidaritéS recrutent. D’ailleurs, la Grève du climat Vaud n’avait pas manqué d’annoncer pour hier une manifestation sur le site du Gymnase de Marcelin, intitulée «On ne nous interdira pas le débat».

De même, les grèves d’enseignants représentent toujours un risque d’embrigadement des gymnasiens. La Ligue vaudoise l’avait dénoncé lors de la grève de 2008 contre la grille salariale de l’époque. Il semble qu’on y ait échappé l’hiver dernier avec l’indexation. Nous verrons ce qu’il en sera l’an prochain quand les revendications reviendront.

La politisation pourra également découler d’événements au positionnement unilatéral assumé. En 2018, Alain Krivine – cheville ouvrière de Mai 68 et militant marxiste-révolutionnaire – était intervenu en star américaine au Gymnase de Beaulieu pour la commémoration de l’événement. Relaté par le journal «Le Temps» du 20 avril 2018, son discours fut notamment un charismatique appel à la lutte. Inviter un tel personnage revient à jouer un peu trop avec la propension au romantisme des jeunes de 17 ans.

Enfin, la politisation de l’école se cachera directement derrière la conception qu’on aura de son rôle et de ses priorités. Se cantonnera-t-elle à un rôle de formation au sens strict? Ou doit-elle devenir un atelier d’ingénierie sociale où se bâtissent, avec la prétention de bouleverser la société, «l’inclusion», la «diversité» et le «vivre-ensemble»? Le tout avec la coûteuse bénédiction académique de la HEP.

Faire face à ces dérives dépasse largement, certes en difficultés mais surtout en importance, les risques de politisation que fait courir un débat électoral d’une matinée dans un gymnase. Nous espérons que la directive du département ne soit pas que de circonstances, et que M. Borloz ne considère pas qu’elle termine le travail.

(Félicien Monnier, 24 heures, 26 septembre 2023)