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Actualités  |  Mardi 22 septembre 2015

C'est la communauté humaine qui est l'objet propre de la politique

L'été est passé, le temps est maussade. Au Café du Commerce, des esprits chagrins décrivent, chacun selon son obsession, l'apocalypse inéluctable et prochaine. Ecoutons-les discrètement.

Tel dénonce les atteintes portées à la nature, la température qui monte, les espèces animales qui disparaissent, les terres qui s'érodent, les lacs qui s'assèchent, la banquise qui fond, l'air qu'on pollue, le territoire qu'on bétonne et mite. Il n'a pas tort. Son interlocuteur rétorque, et ce n'est pas faux non plus, que la législation inspirée par les écologistes augmente le prix de l'énergie, entrave l'effort industriel, réduit à rien le droit de propriété et met l'homme libre sur la touche en attendant de le mettre à la porte pour incompatibilité avec la création.

A la table voisine, un socialiste dénonce l'individualisme qui ne cesse de croître et volatilise nos sociétés, la disparition de l'esprit de service, le refus de la solidarité avec les faibles et la solitude des aînés. Il n'a pas tout tort. Mais je donne aussi raison à son vis-à-vis libéral quand il reproche aux collectivistes d'étatiser, de centraliser et d'unifier sans relâche, préférant toujours la masse à l'individu et l'alignement à la différence.

Si on continuait le tour de tables, on entendrait parler, l'un de la perte du sens du sacré et l'autre du retour de l'obscurantisme religieux; un troisième se plaindrait de l'arrivée d'immigrants musulmans et le quatrième de la xénophobie de la population. Un réactionnaire, près de la sortie, déplorerait avec pertinence les avancées de l'égalitarisme dans la législation tandis que son commensal, non moins justement, constaterait un accroissement des inégalités sociales et financières.

Chaque parti politique choisit un ou deux de ces éléments, l'écologie, l'économie, la liberté, l'égalité, la fraternité ou la morale, et promet à l'électeur d'y consacrer tous ses efforts. Ça sera plus ou moins payant.

Une autre approche est possible. Elle porte l'effort sur la communauté politique, sur le pays considéré comme un tout, et non sur telle question particulière séparée du reste. Le pays offre en effet, surtout quand il est pleinement conscient de son être et de son originalité, un milieu propice sinon à supprimer tous les problèmes contradictoires évoqués plus haut, et dont les causes sont souvent hors de notre portée, du moins à les équilibrer dans la perspective du bien commun.

A l'extérieur du Café du Commerce s'affichent partout les têtes et les slogans des candidats. Vous oubliez les appartenances partisanes et vous choisissez, si vous en trouvez, ceux qui s'engagent à représenter à Berne, non pas tel thème abstrait, mais la communauté vaudoise telle qu'elle existe, dans toutes ses parties et dans son unité.

(Olivier Delacrétaz, 24 heures, 22 septembre 2015)