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Actualités  |  Mardi 8 octobre 2024

Effets et méfaits de la croissance démographique

La Ville de Gland veut casser son image de cité-dortoir. La Municipalité prévoit une campagne de communication de trois ans dans toute la Suisse romande, d’un budget de 400’000 francs, pour vanter les atouts économiques, culturels et associatifs de sa ville.

Le récent préavis au Conseil communal rappelle «que l’augmentation de la population n’est pas un objectif en soi», mais aussi que «l’arrivée de nouveaux résidents permet à Gland de maintenir et d’adapter ses prestations publiques». La croissance démographique est donc bien un objectif, même intermédiaire. La Municipalité entend «renforcer l’attractivité de la ville» et «favoriser l’essor économique», lequel est déjà en cours.

Simultanément, on apprend qu’Yverdon deviendrait une «ville morte». Si les boutiques ferment au centre-ville, en vingt-cinq ans, le nombre d’opticiens aurait presque doublé, tout comme les pharmacies. On attend les chiffres sur les kebabs, les ongleries et les barbiers. Les autorités pointent du doigt les centres commerciaux de la banlieue. La Municipalité reconnaît sa faible marge de manœuvre. La mauvaise réputation de la ville joue aussi un rôle: au brouillard du Nord-vaudois s’ajoutent désormais les dealers de la place de la Gare.

L’impression générale est que Gland rayonne et entend le faire savoir, soucieuse d’attirer encore plus de pendulaires et de multinationales. Tandis qu’Yverdon, avec d’autres villes du Nord et de la Broye, souffre du vieillissement de sa population et de la baisse de son niveau socioéconomique. De telles disparités sur un aussi petit territoire frappent l’esprit.

On attend 1 million d’habitants en 2050. Nous en voyons déjà les effets. Fichées de grues et de tours en chantiers, des communes de Prilly à Morges ou Bussigny étalent leurs constructions nouvelles et sans âme le long de la voie CFF. Longtemps de telles visions nous semblaient réservées à la banlieue de Zurich. Le tant vanté «dynamisme» de l’arc lémanique ne fait guère rêver.

Avant la laideur de ces immeubles ou des vitrines vides, les premières victimes de notre croissance seront notre culture et notre identité. Plus nombreux, les Vaudois de 2050 se connaîtront moins. Leurs autorités leur paraîtront plus lointaines, et donc moins légitimes. La distension du lien social dissoudra les liens politiques et institutionnels. Les attentes à l’égard de l’État croîtront. Elles le contraindront à gonfler et gagner en lourdeur.

Ces dissolutions découlent surtout de notre croissance démographique. Ses raisons sont connues: l’immigration et certaines formes de promotion économique. Elle créera des problèmes encore inconnus. Ils appelleront à leur tour de nouvelles dépenses. Les dispendieuses politiques publiques de promotion de la «cohésion sociale», qui ont déjà commencé, ne pourront jamais qu’accompagner les dégâts. Elles ne les empêcheront pas, à moins d’en interroger les causes.

(Félicien Monnier, 24 heures, 8 octobre 2024)