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Solidité de façade

Cédric Cossy
La Nation n° 2041 1er avril 2016

«Un résultat solide soutenu par des revenus conjoncturels»: le titre du communiqué de presse officiel concernant les comptes 2015 de l’Etat de Vaud passe à nouveau à côté des enseignements importants que l’on peut tirer de l’analyse de ces comptes.

Les revenus du Canton ont atteint 9,85 milliards, soit 3,4% de plus qu’en 2014 mais surtout 580 millions (6,3%) au-dessus des espérances budgétaires. Ceci confirme nos reproches répétés concernant la sous-évaluation chronique des rentrées dans les budgets cantonaux. M. Broulis se lamente sur la stagnation de l’imposition et se félicite de revenus conjoncturels extraordinaires permettant de conserver la croissance des rentrées. Mais pourquoi avouer «des prévisions budgétaires mesurées» pour ce type de revenus seulement? La même modestie, sans doute, l’a conduit à sous-budgétiser de 3,1% les impôts sur les personnes physiques. Les contribuables vaudois, hors de tout effet conjoncturel, ont plus que répondu aux attentes budgétaires, restant les meilleurs contributeurs au rétablissement des finances cantonales.

En examinant les dépenses, nous ne pouvons pas souscrire au qualificatif de «solide» pour le résultat 2015. Les charges se montent à 9,65 milliards, dont un peu plus de 9,1 consacrés aux dépenses courantes, en hausse de 3,8%. Pas un mot, par contre, pour expliquer pourquoi cette hausse est largement supérieure à l’objectif de 2% annoncé par le Gouvernement vaudois, ni les mesures que ce dernier prévoit pour comprimer de moitié cette augmentation régulière (moyenne de 4,1% depuis 2010). Dans le domaine social, en particulier, comment contenir la hausse annuelle moyenne de 9%, alors que les Vaudois viennent d’accepter le paquet RIE III et les compensations sociales qui lui sont liées?

La dette augmente de 130 millions, notamment pour permettre la poursuite de la recapitalisation, à raison de 180 millions, de la Caisse de pension de l’Etat. Cet endettement permet aussi de consacrer 331 millions aux investissements bruts. C’est, comme ces années passées, en deçà des ambitions affichées tant dans le budget (453 millions) que dans le plan d’investissement 2020 vieux de trois ans. Là aussi, plus que les explications rétroactives fournies sur le retard des projets d’infrastructure, nous aimerions connaître ce qui sera entrepris pour rattraper ce retard.

Une nouvelle enfin dont on ne sait s’il faut se réjouir ou pas. La charge d’intérêts est désormais négative (-18 millions), en raison notamment de la hausse des intérêts rémunératoires sur créances fiscales. Cette augmentation des arriérés fiscaux laisse certes espérer des rattrapages propices aux comptes des prochaines années, mais indique aussi que certains contribuables ont de la peine à payer leurs impôts. Si cette gêne est durable, M. Broulis a raison de se faire du souci pour les revenus du Canton.

En acceptant le paquet RIE III le 20 mars dernier, le peuple vaudois a accepté à la fois une baisse des revenus fiscaux provenant des personnes morales et une hausse des prestations sociales, donc des charges correspondantes. Comme on ne peut pas compter sur les revenus conjoncturels, par nature aléatoires, pour contrebalancer ces deux effets, l’alternative suivante s’offre au gouvernement vaudois: réduire les charges de l’Etat ou augmenter la fiscalité des personnes physiques. Dans le second des cas, nous devrons conclure que, de Brouillard et Malice, nous sommes passés à Braillard et Mou lisse….

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