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Pour prolonger les 500 ans de la Réforme en musique

Frédéric Monnier
La Nation n° 2086 22 décembre 2017

Les manifestations liées au 500e anniversaire de la Réforme n’ont évidemment pas manqué d’y associer la musique. Pour Luther, celle-ci tenait une place primordiale dans le culte; il fut lui-même musicien et on lui attribue la composition de certains chorals, éléments emblématiques de la musique luthérienne. C’est justement le plus célèbre d’entre eux, Ein feste Burg ist unser Gott (que les réformés francophones connaissent dans sa version en français, C’est un rempart que notre Dieu) qui donne le titre à un livre avec deux disques paru à fin 2016 sous le label Ricercar et qui intéressera tous ceux qui voudraient se plonger dans les débuts de la musique réformée.

Le premier disque est consacré à l’année liturgique et présente des œuvres chorales, entrecoupées de pièces d’orgue, en lien avec les différentes fêtes qui rythment l’année (Avent, Noël, Nouvel An, etc.) et écrites à la fin du XVIe ou au XVIIe siècle. C’est ainsi qu’on peut entendre des compositeurs connus tels que Praetorius, Schein ou Scheidt, avec d’autres qui le sont moins, voire pas du tout, comme Scheidemann, Altenburg, Hammerschmidt, Siefert, Strungk, Gesius ou Othmayr. De ce corpus d’œuvres remarquables, il convient de relever un somptueux Veni Sancte Spiritus (pour la fête de la Pentecôte) avec trois chœurs de Thomas Selle (1599-1663), d’une splendeur toute montéverdienne.

Le second disque présente quant à lui des œuvres liées aux fondements de la liturgie luthérienne: nous y entendons, entre autres, un Deutsches Magnificat de Schütz, une Deutsche Messe de C. Bernhard, comportant un Kyrie et un Gloria (les luthériens ont conservé les différentes parties de l’ordinaire de la messe, à l’exception du Credo), une Deutsche Passion nach Johannes de Joachim Burck, où un groupe de chanteurs représente l’évangéliste et le second les colloquentes (autrement dit ceux qui chantent les autres parties du texte), tous se réunissant pour les chœurs d’entrée et de conclusion, ainsi que pour les turbae, soit les interventions de la foule; il pourrait s’agir là, écrit Jérôme Lejeune, l’auteur de la substantielle notice, de «la plus ancienne passion luthérienne entièrement polyphonique». Enfin, sous le titre Deutsches Requiem, sont regroupées trois œuvres de Selle, Hammerschmidt et Schütz, sur des textes que mettra en musique, deux siècles plus tard, un certain Johannes Brahms pour son célèbre Requiem allemand.

Créé il y a un peu plus de dix ans, le jeune ensemble vocal belge Vox Luminis, sous la direction artistique de Lionel Meunier, interprète ces œuvres avec une ferveur communicative, leur ôtant ce qu’elles pourraient avoir parfois d’austère; une nombreuse et riche iconographie agrémente cette publication de haute tenue.

Référence: Ein feste Burg ist unser Gott, Luther and the music of the reformation. Vox Luminis, dir. Lionel Meunier; Bart Jacobs, orgue. Ricercar RIC 376.

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