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Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2125 21 juin 2019

La notion d’«état d’urgence» désigne des mesures exceptionnelles prises par les autorités en cas de péril grave, et qui permettent de restreindre les libertés fondamentales. Il existe deux sortes d’état d’urgence. Le premier est celui qui sert de prétexte à des gouvernements fascistoïdes pour imposer un régime policier; la notion d’urgence leur permet de répandre la peur, d’éviter toute argumentation et de faire taire les voix critiques. Le second type d’état d’urgence est celui qui est nécessaire et légitime pour permettre de lutter, par tous les moyens, contre le réchauffement climatique et contre les inégalités et les injustices sociales.

Actuellement, il est demandé à toutes les autorités, dans tous les pays et à tous les niveaux, de décréter «l’urgence climatique». Dans le Canton de Vaud, le député Yvan Luccarini, qui se définit comme «objecteur de croissance», a récemment présenté au Grand Conseil un projet de loi sur «l’action publique face à l’urgence climatique». Il s’agirait de définir un «Plan climat vaudois» imposant un vaste ensemble de mesures – dont nous ne résumons ici que les meilleures.

Le canton de Vaud devrait abandonner complètement l’usage du pétrole, du charbon et du gaz naturel. La consommation totale d’énergies (toutes sources confondues) devrait être diminuée de 50% dans un délai de dix ans.

Toujours dans un délai de dix ans, le trafic individuel motorisé devrait être diminué de 50%, tout comme les voies de circulation et le nombre des places de parc. La vitesse maximale serait abaissée. On mettrait en place une imposition des véhicules «fortement progressive basée sur le revenu des propriétaires». L’objectif serait «une diminution globale de la mobilité individuelle» (il n’est pas précisé si la mobilité pédestre serait épargnée).

Dans les bâtiments chauffés, la température maximale serait limitée à 19° (il n’est pas précisé si les policiers seraient armés de thermomètres pour procéder à des contrôles). Les systèmes de climatisation «de confort» seraient interdits.

Dans les entreprises, la production devrait être subordonnée aux seuls «besoins fondamentaux» de la population. La publicité commerciale serait interdite. Les salariés seraient impliqués dans les processus de décision, et le temps de travail serait diminué sans réduction de salaire. Les citoyens recevraient un revenu de base inconditionnel (baptisé «revenu de transition écologique») mais se verraient aussi imposer un revenu maximal. Les produits de consommation seraient soumis à une taxe progressive. Les surfaces agricoles seraient augmentées, mais l’élevage intensif serait interdit et la production agricole devrait être «progressivement démécanisée».

Il est explicitement précisé que toutes ces mesures seraient financées «par de nouveaux prélèvements».

Sachez, amis Vaudois, que près de la moitié de vos représentants au Grand Conseil ont voté en faveur de ce projet de loi, qui a finalement été rejeté de justesse. Visiblement, de nombreux députés ont été séduits par ce curieux mélange de Vladimir Ilitch Lénine appelant à la révolution bolchevique (mais sans les tracteurs) et de Godefroy de Montmirail nostalgique de son XIIe siècle (mais sans la noblesse, hélas).

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