Laïcité fantasmée

Vendredi saint, la RTS souhaite à la population un «reposant et très beau week-end prolongé»; deux semaines plus tard, la distribution du Nouveau Testament aux élèves du Collège de l’Abbaye de Saint-Maurice fait scandale. Le même jour, les jeunes verts célèbrent sur Twitter la fin du Ramadan, et s’insurgent qu’il existe encore en Suisse des jours fériés chrétiens.

Ils oublient que la Suisse n’est pas un Etat, mais vingt-six, et si nos voisins genevois et neuchâtelois ont choisi d’adopter la laïcité, ils sont les seuls à s’être engagés sur cette triste voie. Rappelons-leur que l’initiative populaire fédérale pour la séparation complète de l’Etat et de l’Eglise a été rejetée en 1980 par 78,9% des votants; que toutes les constitutions cantonales font référence à Dieu ou à la Création, hormis nos voisins précités, ainsi que le Tessin, la Thurgovie, Zoug, et Appenzell Rhodes-Intérieures, dont l’ancrage dans la foi ne saurait être remis en question puisque l’on vient de voir l’entier de la population prêter serment devant Dieu à l’occasion de la Landsgemeinde. Rappelons-leur encore que malgré l’augmentation inquiétante de la population «sans religion», la Confédération compte encore deux millions de protestants et trois millions de catholiques romains.

Qu’elle soit née d’une surexposition à la culture française ou de la fréquentation du cercle marxiste de l’Université, la laïcité dont rêvent nos «élites» ne correspond aucunement aux réalités de nos cantons, Genève et Neuchâtel exceptés, et c’est trahir le peuple souverain que de tenter de la lui imposer.