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Le «plan B»

Olivier DelacrétazEditorial
La Nation n° 1817 17 août 2007

Le projet le meilleur peut échouer en votation populaire, la vie n’en continue pas moins. L’échec subi, l’univers continue d’exister, et avec lui les problèmes qu’il faut continuer d’affronter. D’où la nécessité de disposer avant le vote d’une solution de repli. C’est ce qu’on appelle le «plan B».

L’idéologue et le fanatique n’ont jamais de plan B. Pour eux, l’avenir passe obligatoirement par l’acceptation de leur projet. En cas d’échec, c’est l’apocalypse. Ils disent: «C’est notre projet ou le chaos!» et annoncent, selon le thème de la votation, que le pays sera submergé par des vagues de terroristes, d’immigrés, d’oiseaux malades et contagieux, d’illettrés, de chômeurs, de béton…

Du point de vue tactique, la radicalisation de l’alternative, l’amplification de la menace, la mise en cause de l’avenir, de la possibilité même d’un avenir, renforce la pression sur l’électeur. Elle la renforce d’ailleurs également sur les troupes des partisans, qu’elle force à se dépasser. Quel responsable de campagne peut se vanter de ne jamais y avoir recouru, au moins un petit peu?

Au-delà de la manipulation psychologique, il faut constater que ceux qui recourent à ces évocations apocalyptiques y croient souvent eux-mêmes.

Certains s’engagent à tel point dans le combat qu’ils n’imaginent pas pouvoir survivre à une défaite.

D’autres croient à une marche inéluctable de l’Histoire vers la perfection. La loi qu’ils défendent est une étape dans cette direction. Cette étape est nécessaire, elle ne peut pas ne pas avoir lieu. Prévoir un plan B, ce serait admettre que l’Histoire peut se tromper, que le monde pourrait échapper à son destin. «B» comme blasphématoire!

Ils y croient même tellement qu’il leur arrive d’engager des moyens financiers dont ils ne disposent pas: tout plutôt que perdre! Et si nous perdons, la finance sera bien le dernier de nos problèmes, pensent-ils dans leur cerveau surchauffé. Le vote passé, leur projet retombé dans le néant, la vie continuant comme avant dès le lundi matin qui suit, le comité de campagne se dissout et les factures restent en désordre sur le bureau déserté. C’est ce qui explique que la Société générale d’affichage, par exemple, ne commence pas son travail avant que sa facture ne soit intégralement réglée.

Il faut toujours avoir un plan B pour parer aux éventualités. Il vaut mieux ne pas en parler, même à ses troupes, car il se passe alors quelque chose de bizarre. C’est en particulier le cas chez les Vaudois: on en vient à se dire que le plan B est un bon plan, somme toute suffisant, et qu’en comparaison le plan A est un peu excessif, inamical et probablement inaccessible. En d’autres termes, on adopte d’emblée une position de «synthèse» ou de compromis, sans voir que l’adversaire, n’ayant pas participé à son élaboration, n’y verra qu’un plan A un peu mou, qu’il combattra de toutes ses forces.

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Au sommaire de cette même édition de La Nation:
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  • Les fusions ne sont pas la panacée – Revue de presse, Ernest Jomini
  • Le pays réel au défi de la démocratie – Pierre-François Vulliemin
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