Tohu-bohu
En parallèle, le parti radical valaisan, par son organe Le Confédéré, publie la photo de M. Oskar Freysinger, chef de la section valaisanne de l’UDC, à côté de celle de Hitler avec ce slogan: «Autrichiens: on a déjà donné». On a le droit d’être xénophobe quand c’est pour la bonne cause! La presse du dehors n’en a guère parlé, ne désirant sans doute ni soutenir une attaque qui pourrait connaître des suites pénales, ni rompre l’unité de la lutte antiblochérienne.
La presse – 24 heures un peu plus circonspect – présente et commente les choses de telle façon que le lecteur ne sait rien, et qu’il est invité à soupçonner tout. On reproche souvent au parti de M. Blocher de se placer sur un terrain passionnel. Soit, mais il n’y est pas seul. Depuis des semaines, nous subissons une véritable mise en condition dont on peut craindre qu’elle ne s’aggrave jusqu’au 21 octobre. Le sens des proportions, le simple bon sens, le souci de justice n’ont plus cours. La gravité d’une accusation devient un indice de véracité. Le moindre écho est invoqué comme une confirmation. Chacun s’appuie sur ce que dit ou fait l’autre pour aller un petit bout plus loin. Le tintamarre est tel qu’il empêche même d’examiner de façon critique le travail réel de M. Blocher. C’en est au point que si celui-ci proposait une loi attentatoire aux souverainetés cantonales ou à l’autonomie des corps intermédiaires, il n’est même pas sûr que La Nation le remarquerait!
Dans les moments de lucidité, on se pose tout de même quelques questions. Et pour commencer, pourquoi un chef de département fédéral aurait-il besoin de fomenter un «complot» – avec schémas dessinés et liste écrite de complices – pour se séparer d’un collaborateur, même indirect, avec lequel il ne s’entend pas?
A qui cette cabale évidente doit-elle profiter? Quel rôle joue dans cette affaire l’obsession des démocrates-chrétiens de retrouver un deuxième siège au Conseil fédéral? Pourquoi ce malheureux Holenweger portait-il sur lui, le 26 mars 2007, à Stuttgart, en pleine nuit, ce fameux plan destiné à déboulonner M. Roschacher, alors que celui-ci avait déjà perdu son poste en juin de l’année précédente? Et encore, comment expliquer l’obligeance, pour ne pas dire la complaisance, de la police allemande à l’égard de la commission de gestion? Dans un autre registre encore, les milieux, de gauche et de droite, économiques et idéologiques, qui militent en faveur de l’adhésion à l’Europe ne jouent-ils pas un rôle dans cette opération de lynchage qui les débarrasserait d’un obstacle majeur?
Ces questions seraient posées et peut-être même qu’elles trouveraient une réponse, avec une presse qui ferait son travail.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Le motu proprio du pape Benoît XVI sur la liturgie traditionnelle – Denis Ramelet
- Pour le plaisir du WWF – Revue de presse, Ernest Jomini
- Le Canton ou le parti? – Revue de presse, Ernest Jomini
- Les Verts et l'aménagement du territoire centralisé – Félicien Monnier
- Peuple et identité vaudoise sous la République helvétique – Michel Pahud
- Bouclier antimissile américain en Europe: vers un affrontement avec la Russie? – Nicolas de Araujo
- Sans complaisance – Le Coin du Ronchon