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Des armes

Nicolas de Araujo
La Nation n° 1825 7 décembre 2007
Le monde politique et médiatique s’est beaucoup agité au sujet du récent meurtre d’une adolescente, à Höngg (Zurich), par un soldat de 21 ans tout juste sorti de son école de recrue. Le jeune homme s’est servi de son fusil d’assaut personnel. On ignore pour l’instant les motifs de son acte (il ne connaissait pas la victime) ainsi que la provenance de la (ou des) balles. Il n’avait pas reçu de munition de poche «à n’utiliser qu’en cas de guerre», puisque à partir d’octobre le gouvernement avait décidé de ne plus confier ces munitions aux soldats, soi-disant pour éviter les morts trop fréquentes liées à l’usage de l’arme personnelle. Aujourd’hui, ce fait divers pousse la gauche, qui a déjà lancé il y a quelque temps une initiative pour l’interdiction de l’arme à domicile, à réclamer encore que les fusils d’assaut et pistolets de nos soldats soient entreposés à l’arsenal. Le ministre de la Défense Samuel Schmid ne se prononce pas encore, vraisemblablement pour mieux feindre de céder à la pression populaire lorsqu’il s’agira de désarmer ses administrés.

Les médias ont raison de dire que le retrait de la munition de guerre ne suffit pas à protéger la population. Le meurtre de Höngg montre qu’il ne servait à rien de priver le citoyen-soldat de munition. Cette mesure n’empêche pas qu’un déséquilibré s’en procure facilement. Le Conseil fédéral devrait donc revenir sur sa décision et exiger que l’armée confie à nouveau des munitions de guerre aux soldats.

En plus d’abolir cette mesure inutile, il faut s’attaquer au problème des gens trop dangereux pour posséder une arme. La solution n’est pas d’interdire l’entreposage de l’arme personnelle à domicile. Faire cela n’aboutira qu’à désarmer les gens normaux alors que les fous furieux finiront toujours par trouver de quoi commettre leurs forfaits. Pour appuyer son appel à ranger tous les fusils à l’arsenal, le Tages Anzeiger (28 novembre 2007) a publié une liste de onze meurtres commis durant les cinq dernières années avec une arme militaire. A y regarder de plus près cependant, dans la majorité de ces cas l’arme utilisée n’était pas celle du meurtrier, c’est-à-dire qu’il ne s’agissait pas de celle que l’armée lui avait confiée personnellement. Ainsi l’auteur du massacre de Zoug (en septembre 2001) n’avait jamais accompli de service militaire.

L’exemple d’autres pays plus restrictifs montre que les interdictions n’arrêtent pas les tueurs: les autorités devront s’attaquer aux facteurs sociaux, culturels et médiatiques qui encouragent certains enragés à faire usage des armes, qu’elles soient militaires ou non.

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Au sommaire de cette même édition de La Nation:
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