Cantonale à Givrins, allez vivre la vie en rose!
La canto’ fait son retour. Après une édition du centenaire à Savigny en 2019 qui aura marqué tous les esprits, les jeunesses campagnardes se sont à nouveau réunies, fédérées autour d’un seul giron, cantonal!
Paléo, en plaine de l’Asse, cède sa place à un univers plus pastoral mais non moins monumental. A quelques kilomètres, des fortifications en bois se sont substituées aux remparts de métal. La ville passe le témoin à la campagne. 35'819 heures intégralement bénévoles plus tard, 37 hectares de là-bas se métamorphosent en un nouveau centre névralgique du Canton. Dans ce coin de Pays là, St-Saphorin ne pêche pas à la ligne, mais Givrins s’étend ensoleillée, entre Léman et vignes.
Les incontournables d’un giron ne manquent pas à l’appel. Une tonnelle au centre, dont on déconseille de faire le tour, son diamètre de trente-quatre mètres risquant fortement de vous rendre abstème. Elle se voit rechargée par un pont suspendu, où un véhicule apporte les munitions sur un monte-charge, amusant, et ingénieux!
Veillant à intégrer à son jubilé toutes les générations, l’organisation propose aussi bien une garderie que le traditionnel caveau des anciens, où de magnifiques tables en bois massif sauront reposer quelque temps les clients les plus vétérans comme les plus fidèles. Suspendus au mur, des mots de patois proposent des phrases d’un autre temps, comme pour jamais ne les laisser tomber dans l’oubli.
Le Karaoke s’anime dans la nuit, il adoucit la soirée. Une œuvre cruciale, quand on le sait entiché à sa gauche d’un bar à shots traître où l’on peut y laisser quelques plumes. Mention spéciale aux deux merveilleuses chouettes en pommes de pin décoratives qui gardent l’entrée.
De l’autre côté, la cuisine et sa cantine doublent l’espace dévolu aux concerts en même temps qu’elles rassasient les fêtards de bons produits locaux. Le burger rose (couleur thématique de cette cantonale) est une réussite, la brochette de viande fait saliver.
Cette année, en plus de voir sa place de fête considérablement agrandie, Givrins propose, si l’on traverse un long corridor bardé de panneaux remplis de formules encourageantes ou évocatrices, une terrasse panoramique. Perchée au point culminant de la zone, celle-ci propose une vue enivrante sur le Léman et les Alpes, mais aussi, sur une fresque peinte au premier plan, une représentation du terroir fort réussie, dans un style anime et graffiti.
Loin de vouloir se limiter à son cliché de bringue champêtre, la cantonale des jeunesses veille, tant par sa programmation que par ses communications, à inclure tous les milieux du canton: politiques, géographiques, comme sociologiques. Givrins, en étroite collaboration avec Nyon, tisse des ponts: la campagne tend la main à la ville. Certains festivals citadins, lausannois en particulier, feraient bien de s’inspirer d’une vraie fête inclusive, plutôt que de s’en prévaloir systématiquement, tout en enchaînant l’étrange et les provocations, engendrant chocs et discorde.
A la canto’, la communion battra son plein jusqu’au 18 août. C’est une fête des jeunesses avant tout, dont il ne faut pas oublier l’extraordinaire implication, et l’engagement ô combien unique, responsabilisant et formateur. Le Chef des infrastructures, pour ne citer qu’un exemple, n’a que 21 ans. Le résultat final est une véritable leçon donnée par le Pays réel, elle force l’admiration. Chaque Vaudois ferait bien d’y faire un tour. Il se pourrait bien que, peut-être suspicieux à l’aller, il se retrouve avec l’impression au retour d’avoir quitté son chez lui, et d’avoir vu, l’espace d’un moment, la vie en rose.
Sébastien Mercier
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