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Minuscule

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 1889 21 mai 2010
Le trop et le trop peu gâtent tous les jeux. Du côté du trop peu, il y a quelques années, on a vu se développer la mode des raisons sociales écrites entièrement en minuscules, y compris la première lettre, ce qui était encore plus hideux au début d'une phrase. Heureusement, on commence à en revenir.

Ce n'est pas une raison pour tomber dans l'excès inverse – le trop – et ajouter des majuscules intempestives, désordonnées, inutiles, anarchiques, injustifiées, injustifiables, au début de chaque mot auquel on veut donner quelque importance. On se désole de lire sur maintes affiches ou publicités des sollicitations maladroitement flatteuses où chaque nom commun, voire chaque adjectif, est traité avec autant de déférence qu'un nom propre. Vin du Mois, Médecine Traditionnelle Chinoise, Trouvez votre Véhicule d'Occasion, Notre Equipe, Fin de la Promotion Jeudi, Jouez et Gagnez, Agence de Voyage, Mon Espace sont autant d'expressions repérées en quelques minutes sur internet. On veut bien croire que les vendeurs de savonnettes qui se livrent à de telles fantaisies n'ont aucune mauvaise intention, mais on aimerait qu'ils aient davantage d'instruction.

Pour l'anecdote: même l'ingénieux iPhone – on ne dira rien sur la majuscule en seconde position car il s'agit d'une marque qui suit sa propre logique – semble tomber dans ce travers puisque, lorsque vous rédigez un message tel que: «J'attends qu'il vienne», le correcteur orthographique intégré – peut-être sponsorisé par quelque office du tourisme autrichien – vous ajoute péremptoirement une majuscule – on devrait dire ici une capitale – au dernier mot!

On a le droit d'avoir parfois des doutes et des hésitations face à certains cas particuliers (Moyen Age, Deuxième Guerre mondiale); signalons tout de même que l'encyclopédie en ligne Wikipedia possède une page fort bien documentée sur l'usage des majuscules en français. On y apprend par exemple que la pratique consistant à ne pas accentuer les majuscules isolées est propre à la Suisse romande, où l'on écrit donc Etat sans accent, comme le recommande le Guide du typographe romand. Mais on s'écarte là du sujet initial, par lequel nous voulions insister sur le fait qu'il est inacceptable et intolérable d'abuser de la majuscule à seule fin de donner de l'importance à un mot.

Ce principe ne s'applique toutefois pas lorsqu'un intérêt politique supérieur prime sur les règles grammaticales et typographique ordinaires. Il est donc pleinement justifié que Canton prenne toujours la majuscule s'il s'agit du nôtre.

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