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L’Académie de Lausanne entre Humanisme et Réforme (ca. 1537-1560)

Cosette BenoitLa page littéraire
La Nation n° 1895 13 août 2010
Le 30 avril dernier, Mme Karine Crousaz a soutenu sa thèse de doctorat1 en histoire moderne à l’Université de Lausanne, mettant ainsi le point final à un remarquable travail de recherche sur l’Académie de Lausanne. Trop souvent méconnue, cette institution vaudoise méritait d’être étudiée et l’enquête minutieuse et assidue de Mme Crousaz vise à lui redonner l’importance et l’attention qu’elle réclame.

Sous l’égide du réformateur vaudois Pierre Viret, l’Académie de Lausanne fut un lieu d’instruction non négligeable. Première académie protestante de langue française, elle forma des étudiants arrivés des quatre coins de l’Europe et servit de modèle aux autres académies qui virent progressivement le jour au XVIe siècle. Mme Crousaz regrette que cette institution ait trop souvent été perçue comme une simple école de pasteurs, car, en plus de l’approche strictement théologique, les étudiants y recevaient une solide instruction humaniste. Outre l’étude des textes bibliques, les cours de philologie grecque et hébraïque ainsi que les cours de latin cicéronien permettaient aux élèves d’étudier les textes des auteurs païens antiques. Une formation générale en arts libéraux était également dispensée. Selon Karine Crousaz, rien ne laisse supposer que les enseignants humanistes et les Réformateurs étaient en confrontation; il apparaît plutôt qu’ils collaboraient pour doter leurs étudiants d’un vaste bagage intellectuel. C’est sur ce point que le travail de Mme Crousaz peut susciter la controverse, car, comme l’ont relevé unanimement les experts dans leurs critiques, il n’est pas aisé de comprendre et de décrire les rapports entre l’Humanisme renaissant et les doctrines réformées. Néanmoins, contrairement à ce que peut suggérer le titre de sa thèse de doctorat, Karine Crousaz ne s’attarde pas sur ce sujet.

Cet ouvrage sur l’Académie de Lausanne est avant tout un travail d’histoire institutionnelle. A travers l’étude méticuleuse de plusieurs types de sources, l’auteur se penche sur des questions concrètes, qui touchent au quotidien des élèves et des enseignants de cette institution lausannoise, afin de la faire revivre et de lui donner la place qu’elle mérite dans l’historiographie. En 1559, suite à des différends majeurs avec les autorités bernoises, Viret est banni du Pays de Vaud. Par solidarité, bon nombre des enseignants de l’Académie de Lausanne s’exileront à Genève entraînant ainsi la dissolution de l’institution. Ils rejoindront Calvin et de Bèze pour fonder l’Académie de Genève. Si cette dernière est aujourd’hui bien plus connue, Mme Crousaz nous rappelle le rôle primordial que joua l’Académie vaudoise dans le paysage intellectuel du XVIe siècle.

Nous n’avons malheureusement pas pu consulter la thèse de Karine Crousaz, puisqu’elle n’a pas encore été cataloguée par la Bibliothèque cantonale universitaire, mais la soutenance de doctorat nous a convaincu que ce travail contribue brillamment à dépoussiérer un épisode majeur de l’histoire vaudoise. Quelques mois avant les célébrations qui auront lieu dans le cadre du 500e anniversaire de la naissance de Pierre Viret, c’est aussi l’occasion de se souvenir du ministère de ce grand réformateur en terre vaudoise et alentours.


NOTES:

1 Karine Crousaz, L’Académie de Lausanne entre Humanisme et Réforme (ca. 1537- 1560), Université de Lausanne, 2010.

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