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La théorie du Gender

Claire-Marie Lomenech
La Nation n° 1921 12 août 2011
Au printemps dernier, l’opinion publique s’est scandalisée et offusquée devant le choix des parents de Storm qui ont décidé de ne pas révéler le sexe de leur enfant1. La théorie du «Gender2», dont ils se targuent, prend sa source dans plusieurs mouvements de pensée des XIXe et XXe siècles et se définit principalement par son caractère de révolte et de négation à l’égard de la nature humaine. Parmi ces mouvements, citons notamment l’existentialisme, qui affirme que l’universalité humaine est en perpétuelle construction; un féminisme très radical, qui prétend que l’hétérosexualité est au service de l’homme pour dominer la femme; le néomarxisme qui, à travers une dialectique dominants / dominés, exacerbe la lutte entre hommes et femmes; enfin le structuralisme, qui considère que tout est une construction de la société, à commencer par l’identité sexuelle des personnes. Le Gender oppose sexe biologique et identité sexuelle. Refusant la «dictature» de la nature, on considère le donné biologique comme neutre et, par conséquent, l’homme est libre de choisir son identité sexuelle, libéré de toute contrainte biologique ou sociale. Il lui appartient donc de jouer de la mécanique modelable mise à sa disposition. A l’homme de construire sa propre nature!

Le but poursuivi par cette idéologie va donc bien plus loin que l’égalité des sexes devant la loi ou l’égalité salariale. Il s’agit de repenser les rapports homme-femme en excluant toute forme de complémentarité et d’éliminer les classes sexuelles, par le moyen de l’éducation et des médias (destruction du couple, de la famille, puis de l’école à travers les programmes scolaires). Mais il est aussi question de contrôler la reproduction, en rendant la fécondation indépendante de la féminité et de la famille. Le bien commun est perdu de vue en faveur du libertarisme. De plus, il est frappant de constater le soutien que reçoit cette idéologie tant de la part de gouvernements de plusieurs pays comme l’Espagne, la France (où cette théorie sera enseignée dans les lycées à partir de la rentrée 2011) et l’Angleterre, que de la part des Nations Unies (notamment dès 1995, lors de la 4e conférence mondiale sur les femmes) ou de la Banque Mondiale (financement du GAP, le Gender Action Plan).

Pour Simone de Beauvoir, «on ne naît pas femme, on le devient». Une telle affirmation, représentative avant l’heure de la théorie du Gender et appuyée sur l’existentialisme, nie profondément le lien entre l’âme et le corps, car l’âme, dès la conception, s’imprègne des caractéristiques du corps qu’elle anime. Qu’est-ce que la vie? Croissance, nutrition, reproduction… ces notions suffisent-elles à la définir? Non. Car un être vivant ne se contente pas d’être. Il agit. Et ce qui lui permet d’agir, ce qui l’anime, c’est son âme (du latin anima). Au Moyen Age, lorsque la langue française se développe, l’âme est déjà bien comprise comme étant le principe de vie. Elle donne à l’être vivant son unité, ce que la philosophie appelle sa forme. L’âme est à la fois le principe d’unité et d’action qui anime l’amas de cellules qui composent la matière de l’être vivant. L’âme permet de diriger cette matière vers sa fin. L’agir suit l’être.

Or, la théorie du Gender est un refus de la nature humaine; accepter celle-ci comme telle signifierait obliger l’intelligence à remonter à la cause propre de cette nature qui est Dieu. Le Gender, en voulant repenser la définition de l’être humain, fait croire à l’homme qu’il peut créer sa propre fin, illusion destructrice.

 

NOTES:

1 Ce sujet a été évoqué dans La Nation du 17 juin 2011.

2 Le terme employé est anglais car, bien que trouvant ses origines en France, la théorie du Gender est principalement développée par l’Américaine Judith Butler dans les années 1990. La traduction de son livre Gender Trouble (Trouble dans le genre, pour un féminisme de la subversion) est parue en 2005.

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