La vérité sort de leurs bouches

Les habitants des «quartiers populaires» fréquentent les clubs de sport bon marché. Portugais, Albanais, Turcs, Erythréens (qui galopent comme des dératés sur les tapis de course), Maghrébins et… Vaudois s’y rencontrent.

J’ai fait la connaissance d’un Cubain noir, rigolard, à la face épanouie, une montagne de muscles, laborantin dans une animalerie, qui s’intéresse à l’histoire, notamment à celle de son pays d’adoption. Il a voté aux dernières élections, panachant les listes, car le brave garçon se méfie des partis. Il me dit: «On raconte que les Suisses sont racistes, mais ils ne le sont que très peu comparés aux Cubains. Dans les hautes sphères du PC cubain, égalitaire paraît-il, il n’y a jamais eu aucun Noir.» Il habite la Borde, je lui demande comment il trouve ce quartier: «Tranquille, mais il commence à y avoir beaucoup d’Arabes…»

Un autre jour, j’entends un Kosovar débattre avec un moniteur tunisien des attentats de Paris. Au vestiaire, il me demande s’ils ne m’ont pas fatigué «avec leurs discussions politiques». Je réponds «non» et le Balkanique de poursuivre: «Moi je vous dis, la Suisse, c’est le paradis, et il faut tout faire pour le conserver. Quand j’étais gamin au Kosovo, nous courions avec les copains pour attraper des Roms et les peindre en blanc… c’est pas en Suisse qu’un truc pareil arriverait… incroyable comme plusieurs peuples et plusieurs religions arrivent à s’entendre ici.»

Je lui glisse deux trois mots sur la structure fédérale de la Suisse, il a l’air intéressé et approuve du chef.

Certains étrangers gagnent à être connus.