Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Chères signatures

Olivier Delacrétaz
La Nation n° 2129 16 août 2019

Il arrive que les institutions de la démocratie directe se dévoient. Mme Céline Misiego, conseillère communale popiste à Lausanne, s’en est prise, en mars dernier, au fait que des lanceurs de référendums ou d’initiatives paient des jeunes, des adultes aussi d’ailleurs, pour récolter des signatures sur la rue1. Nous ne savons pas si, comme nous, elle a été abordée par cette dame qui proposait simultanément trois feuilles de signatures concernant trois affaires distinctes.

Mme Misiego dénonce une pratique qui avantage les partis riches. Pas seulement les partis, ajouterions-nous, mais toutes sortes de groupes de pression aisés. Elle parle encore d’«uberisation de la récolte de signatures» en jugeant que les jeunes sont très mal payés par rapport aux bénéfices attendus par le mandataire. On peut en discuter.

Remarquons que l’irruption du libéralisme économique dans la démocratie directe n’est pas récente. Nous avons connu, à la fin des années 1970, une sorte d’entrepreneur en référendum, un Suisse alémanique qui fournissait tout, l’argumentation, la publicité et l’organisation de la récolte des signatures, tout, sauf le nerf de la guerre. Mais il y a aussi des groupes avec peu de moyens, mais beaucoup d’énergie, qui font aboutir des référendums et des initiatives sur le plan fédéral, ce qui représente beaucoup de paraphes.

Nous partageons l’irritation de Mme Misiego face à cette marchandisation de la démocratie directe. A notre avis, le plus irritant, c’est que ces jeunes récolteurs ne connaissent à peu près rien de ce pour quoi ils nous font signer. Ils ne savent rien de la législation actuelle et pas grand-chose de ce qu’ils proposent. Quand il s’agit d’un référendum, ils se satisfont de dire que c’est très important et qu’il est juste que le peuple puisse se prononcer. Quand il s’agit d’une initiative fédérale, ils justifient la centralisation en disant que c’est important d’agir au plus haut niveau possible. Ils sont peut-être mal payés, mais c’est encore ça de trop.

Notes:

1  «Votre signature, elle est gratuite ou monnayée?», Céline Misiego, 24 heures du 20 mars 2019.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: