Les clés du château sont à vous!
Situé au Milieu-du-Monde, le château de La Sarraz domine le passage resserré entre le Jura et le Mormont, là où les eaux se partagent, celles du Nozon se dirigeant vers la mer du Nord et celles de la Venoge vers la Méditerranée. Edifié dès 1049, se développant petit à petit d’un château fort en une demeure seigneuriale, il a résisté à toutes les vicissitudes du temps et des siècles.
Pour qui est allé ces dernières années au musée du château de La Sarraz, l’ambiance n’était pas franchement à la rigolade. Les soucis financiers n’aidant pas, la fondation n’a pas eu d’autres choix que de le fermer pour un temps. Mais au lieu de tirer la prise, un énorme travail a été effectué pour sauver ce qui pouvait l’être et mettre à nouveau en vitrine aussi bien son histoire que ses collections.
Le défi était de renouveler son exposition afin de faire revenir les visiteurs. L’obligation d’une visite guidée était totalement obsolète. Le public actuel veut visiter seul, prendre le temps dont il a envie, écouter des commentaires quand il veut et où il veut. Il veut toucher, participer, la visite se doit d’être interactive.
Une fois la noble bâtisse sauvée par la commune de La Sarraz, l’Etat de Vaud et la Loterie Romande, le conseil de Fondation a confié les clés de la refonte au muséographe Vincent Jaton ainsi qu’au scénographe Laurent Clément et au graphiste Blaise Magnenat. Après deux ans et demi de travaux, le musée a rouvert ses portes samedi 24 avril dernier.
La volonté des concepteurs a été d’ouvrir le château à tous (en particulier le jeune public et les familles) et de donner aux visiteurs «les clés du château». La visite est donc immersive, interactive et surprenante, et ce, pour la première fois, en français, en allemand et en anglais, avec un parcours proposant douze salles réaménagées selon une thématique repensée. La visite se fait en compagnie de cinq personnages emblématiques de l’histoire du château, qui interviennent sous la forme de tableaux vivants et parlent de leurs époques respectives.
Le château de La Sarraz possède des collections de mobilier et de peintures parmi les plus belles de Suisse. Elle s’exprime en ses centaines de portraits et tableaux, son mobilier et ses objets d’arts sauvés des avatars, sa bibliothèque aux 3000 volumes (dont un exemplaire de l’Encyclopédie d’Yverdon de F. B. de Félice) et son Livre d’Heures de Jehan de Gingins datant de 1420.
Contrairement à la plupart des autres châteaux suisses, celui de La Sarraz a toujours été la résidence des barons. Pendant plus de neuf siècles, il est resté aux mains de cinq nobles familles vaudoises (Grandson-La Sarraz, Montferrand-La Sarraz, Mangerot, de Gingins et de Mandrot), qui se sont transmis le domaine de génération en génération par héritage ou par mariage, et ce jusqu’à la mort d’Hélène de Mandrot en 1948, la dernière châtelaine. Celle qui a placé le château comme centre du monde «moderne». Ses activités comprenaient l’accueil d’artistes et l’organisation de plusieurs congrès d’importance internationale, tel le premier CIAM (Congrès international d’architecture moderne) en 1928 auquel participa entre autres Le Corbusier, ou encore, en 1929, le Congrès du cinéma indépendant avec la présence de Serguei Eisenstein.
On se prend à rêver d’attirer enfin un public plus large. Un château qui porte le label du Patrimoine européen, à choyer et à soutenir après sa cure de jouvence!
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Face au million: la décentralisation – Editorial, Félicien Monnier
- La gauche conservatrice – Jean-François Cavin
- Domaine Public abandonne le combat des idées à 58 ans – Jean-Philippe Chenaux
- Il faut reparler des Goûts Réunis – Daniel Laufer
- La musique revient, mais Weilerstein s'en va – Jean-François Cavin
- Le citoyen lambda et le mariage pour tous – Olivier Delacrétaz
- † Le pasteur Daniel Guex 1948-2021 – Jean-Pierre Tuscher
- Il est urgent de réfléchir – Olivier Klunge
- Zurich défend le fédéralisme – Pierre-Gabriel Bieri
- Occident express 85 – David Laufer
- Lettre aux lecteurs qui se désabonnent ou sont tentés de le faire – Rédaction