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Il est urgent de réfléchir

Olivier Klunge
La Nation n° 2178 2 juillet 2021

Malgré l’urgence invoquée face au changement climatique, qui avait convaincu les grandes entreprises autour d’EconomieSuisse et le PLR de soutenir une loi sur le CO2 étatiste et taxatrice, une petite moitié des votants, représentant à peine plus de 30% du corps électoral, a refusé de se laisser mettre sous pression face à 29%, et ceci devant l’indifférence de 40% des citoyens.

La dramatisation des enjeux est une tentation constante des campagnes de vote. Elle ne favorise pas la réflexion, ni le compromis. Pourtant, la nécessité de prendre soin de notre environnement et de gérer nos ressources de manière durable est acceptée par (presque) tous. Il devrait donc être possible de dégager des mesures concrètes rassembleuses.

Premièrement, il convient de relever les efforts et les progrès importants qui ont été faits ces dernières années dans beaucoup de domaines: par exemple, l’efficience énergétique des nouvelles voitures, des nouveaux appareils ménagers comme des nouveaux bâtiments mis sur le marché n’a cessé de s’améliorer, en tout cas en Suisse. L’innovation est une source gigantesque d’économie d’énergie et de durabilité. Elle doit être résolument soutenue au sein de nos hautes écoles comme dans nos entreprises.

Si le politicien démiurge peut vouloir changer la société plus rapidement par la contrainte légale ou fiscale, seule la force de conviction cohérente et constante agit en profondeur. Ainsi, la durabilité est en train de s’imposer comme un élément essentiel dans le domaine financier, qui n’est pourtant pas réputé pour son goût du bien commun.

Il ne se construit plus de nouvel immeuble qui n’intègre pas au moins quelque panneau solaire, pompe à chaleur ou réseau local d’électricité, sans compter son isolation presque hermétique. L’évolution est plus ardue pour les bâtiments existants à cause du coût et de la relative inefficacité des rénovations énergétiques ainsi que des contraintes patrimoniales. Des réflexions sont nécessaires tant sur l’adaptation du droit du bail pour permettre au propriétaire de rentabiliser ses investissements énergétiques, que sur la pesée d’intérêt entre conservation du patrimoine et droits des voisins, d’une part, besoin de densification et de remplacement d’un parc immobilier construit à une époque où l’énergie se consommait sans limite, d’autre part.

A côté des industries et des bâtiments, la mobilité est une source importante de consommation des ressources. L’opposition idéologique entre transports publics et automobile stérilise les évolutions. L’usager cherche pourtant principalement le moyen le plus pratique, rapide et confortable de se déplacer. Les investissements dans le réseau de transports publics partout où la densité de population est forte ne sont pourtant encore que timides. Les offres de parkings-relais et d’interopérabilité entre modes de transports individuels et publics doivent être développées et coordonnées.

Mentionnons encore l’extraordinaire gaspillage d’énergie que constitue le transport de biens de consommation comme de denrées alimentaires autour de la planète. Au nom d’une politique de production locale industrielle et agricole, les droits de douane et les quotas d’importation ne devraient plus être des tabous.

Il serait encore possible d’évoquer la production de tant d’objets et d’habits de piètre qualité, dont la durée de vie dépasse rarement une ou deux utilisations; ou encore l’économicité d’une aide au développement tournée vers la gestion des déchets et l’efficience énergétique dans les pays en voie de développement, gros pollueurs mondiaux.

Ces mesures ne sont peut-être pas suffisamment radicales ni pour les prophètes de l’apocalypse climatique, ni pour les élus avides de slogans exorbitants et racoleurs. Ce sont pourtant des mesures pragmatiques, utiles à la nature comme à la société. Elles sont donc réellement durables.

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