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Pierre-Yves Maillard / La rédaction
La Nation n° 1960 8 février 2013

La décision de la commission de la santé du Conseil des Etats concernant les transferts illégaux entre cantons des réserves sur l’assurance maladie a suscité un tollé dans les cantons spoliés. Premiers à dégainer, les Genevois menacent de geler leur contribution à la péréquation intercantonale avant d’avoir obtenu justice. Le Grand Conseil vaudois semble prêt à suivre la même voie, tout comme les parlements zurichois et tessinois. Sans être citée nommément, la présidente de la commission, l’argovienne Christine Egerszegi, en prend pour son grade:

[…] Et ce sont les assurés qui ont déjà les primes parmi les plus hautes du pays qui se voient encore chargés de coûts qui ne sont pas les leurs. Ces cantons moqués et montrés du doigt parce qu’ils ne maîtrisaient prétendument pas leurs coûts, étaient au contraire en train de se rapprocher spectaculairement de la moyenne. Simplement, les assureurs oubliaient d’adapter les primes. Ce fait est désormais établi, admis par tous.

Et il faut supporter d’entendre une présidente de commission parlementaire, saisie par le Conseil fédéral d’un projet de remboursement minimal, nous dire après cinq ans d’attente et de palabres, que rien ne sera remboursé, car ce serait trop compliqué. Trop compliqué. A-t-on jamais entendu un argument pareil! Dans un deuxième temps, elle ajoutera que c’est à cause de l‘existence d’une alternative soutenue par tous les cantons qu’elle a décidé, avec neuf de ses collègues, de finalement tout refuser; unanimité des cantons qui avait par ailleurs été exigée par cette même commission.

Passons sur la pauvreté de ces justifications. A la fin, comprenons que ces parlementaires reconnaissent l’injustice et ne la réparent pas. Pourquoi? […] Ils sont issus de cantons qui ont bénéficié de l’injustice. Et ils sont plus nombreux.

C’est cela qui provoque la colère. Ce n’est pas qu’une question d’argent. La petitesse de ce comportement rétrécit l’idée qu’on se fait de la démocratie, d’un Parlement et de la Suisse. Des peuples divers ont ressenti le besoin de se réunir en une Confédération. Pourquoi? Pour se serrer les coudes, s’entraider et construire ensemble un pays de droits et de devoirs fondés sur des principes de justice. Pas pour alimenter une caisse commune dans laquelle puiseront les plus agiles ou les moins scrupuleux des défenseurs d’intérêts particuliers. Un élu, c’est autre chose. Si le principe de justice ne le guide pas, il se diminue et diminue son pays. […]

Ces lignes de M. Pierre-Yves Maillard parues dans Le Matin Dimanche du 27 janvier suscitent un double commentaire. Premièrement, la démocratie que M. Maillard appelle de ses vœux est bel et bien le triomphe de la volonté des plus nombreux. La minorité n’a d’autre choix que d’avaler ce qu’elle peut considérer comme une injustice. Deuxièmement, ce revers parlementaire a l’avantage de réveiller les sentiments fédéralistes, très clairement exprimés, de M. Maillard. Nous saurons les lui rappeler lorsque l’un ou l’autre de ses collègues de parti voudra nous vendre la caisse unique, en arguant que vingt-six systèmes de primes et de réserves, c’est trop compliqué.

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